Sections retirées:
Etablissement de démarches et de pratiques pour l'utilisation
durable des ressources biologiques, notamment dans
le secteur du tourisme
L'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et
technologiques,
Rappelant les décisions IV/15 et IV/16 adoptées par la Conférence des Parties
à la Convention sur la diversité biologique à sa quatrième réunion,
Se félicitant des résultats de la septième session de la Commission du
développement durable sur le tourisme et le développement durable,
Rappelant également que l'Assemblée générale, dans sa résolution 53/200 du
15 décembre 1998, a proclamé 2002 Année internationale de l'écotourisme, et que,
dans sa résolution 53/24 du 10 novembre 1998, elle a également proclamé 2002 Année
internationale des montagnes,
Considérant l'importance du tourisme en tant qu'exemple d'utilisation durable
des éléments de la diversité biologique et considérant qu'à sa cinquième réunion
il sera procédé à l'examen de l'utilisation durable de la diversité biologique,
Sachant que les liens entre le tourisme et l'utilisation durable de la diversité
biologique seront examinés par le Secrétaire exécutif pour dégager les principes,
approches et méthodes qui pourraient s'appliquer à une étude plus vaste de
l'utilisation durable à la cinquième réunion de l'Organe subsidiaire, et que des
contacts seront pris en vue de cette réunion avec d'autres groupes s'intéressant
à la question de l'utilisation durable, tels que l'initiative pour l'utilisation
durable,
Recommande que la Conférence des Parties :
a) Adopte l'évaluation des liens entre la diversité biologique et le tourisme
qui figure en annexe à la présente recommandation, et qui porte sur :
i) Le rôle du tourisme dans l'utilisation durable des ressources biologiques,
notamment l'importance économique du tourisme, eu égard aux interactions
entre tourisme et environnement, et les avantages potentiels pour la
conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique;
ii) Les effets potentiels du tourisme sur la diversité biologique, y compris
ses effets économiques, sociaux et écologiques;
b) Accepte l'invitation à participer au programme de travail international
sur le développement du tourisme durable engagé par la Commission du développement
durable, en particulier en ce qui concerne la diversité biologique, afin de contribuer
à l'élaboration de lignes directrices internationales pour les activités liées au
développement d'un tourisme durable dans des écosystèmes et habitats terrestres,
marins et côtiers vulnérables présentant une importance majeure pour la diversité
biologique et les zones protégées, y compris le s écosystèmes fragiles de montagne;
c) Décide de transmettre l'évaluation des liens entre le tourisme et la
diversité biologique à la Commission du développement durable, en lui recommandant
d'incorporer cette évaluation au programme de travail international sur le
développement du tourisme durable;
d) Recommande aux Parties, aux gouvernements, à l'industrie du tourisme
et aux organisations internationales compétentes de prendre cette évaluation pour
base de leurs politiques, programmes et activités da ns le domaine du tourisme durable
et les encourage à accorder une attention particulière aux éléments ci-après :
i) Le rôle unique de l'écotourisme, c'est-à-dire un tourisme fondé sur
l'existence ou le maintien des habitats et de la diversité biologiq ue,
et la nécessité de mettre au point des stratégies bien définies de
promotion d'un écotourisme viable offrant aux communautés locales et
autochtones des possibilités durables d'activités rémunératrices;
ii) La nécessité d'élaborer, avec toutes les pa rties prenantes potentielles,
des stratégies et plans fondés sur une approche par écosystème et visant
à trouver un juste équilibre entre les préoccupations économiques,
sociales et environnementales, en tirant le meilleur parti des
possibilités de conservation et d'utilisation durable de la diversité
biologique et de partage équitable des avantages, tout en reconnaissant
l'intérêt des connaissances traditionnelles et en réduisant au minimum
les risques en matière de diversité biologique;
iii) La nécessité d'une surveillance et d'une évaluation à long terme, y compris
l'élaboration et l'utilisation d'indicateurs pour évaluer l'impact du
tourisme sur la diversité biologique et améliorer en conséquence les
stratégies et plans en matière d'activités touristiques;
iv) L'apport aux économies locales d'avantages tangibles, notamment en termes
de création d'emplois et de partage des effets bénéfiques de l'utilisation
durable de la diversité biologique aux fins du tourisme, les petites
et moyennes entreprises pouvant jouer un rôle important en la matière;
v) La nécessité de promouvoir un tourisme durable, essentiel à la
conservation et à la gestion de la diversité biologique, et de répondre
aux attentes de toutes les parties prenantes, tout en encourageant
l'adoption de comportements responsables de la part des touristes, des
employés du secteur du tourisme et de la population locale;
vi) La prise de conscience, le partage d'informations, l'éducation et la
formation des voyagistes et la sensibilisation des touristes aux questions
relatives à la diversité biologique, pour favoriser l'objectif du respect
et de la conservation de la diversité biologique et son utilisation
durable;
vii) Le fait que l'utilisation durable de la diversité biologique par le
tourisme suppose l'application d'une panoplie souple d'instruments, tels
que la planification intégrée, le dialogue entre les diverses parties
prenantes, le zonage pour l'aménagement du territoire, les évaluations
d'impact sur l'environnement - y compris les évaluations d'impact
stratégiques - les normes, les programmes de consécration des performances
de l'industrie, les écolabels, les codes de bonnes pratiques, les systèmes
de gestion et d'audit de l'environnement, les instruments économiques,
les indicateurs et limites en matière de capacité d'accueil des zones
naturelles;
viii) L'importance d'associer et de faire participer les communautés
autochtones et locales et l'interaction avec d'autres secteurs dans le
développement et la gestion du tourisme, ains i que le suivi et l'évaluation
de cette participation, notamment pour ce qui est de son impact culturel
et spirituel;
xi) L'importance de comprendre les valeurs et les connaissances des
communautés autochtones et locales en matière d'utilisation de la
diversité biologique et les possibilités de tourisme durable et de
promotion du tourisme local que cela offre;
e) Approuve les travaux menés par l'Organe subsidiaire sur le tourisme en
tant qu'exemple d'utilisation durable de la diversité biologique par l'échange de
données d'expérience, de connaissances et des meilleures pratiques au travers du
centre d'échange et encourage les Parties, les gouvernements et les organisations
compétentes à continuer de présenter au Secrétaire exécutif des études de cas en
la matière;
f) Afin de contribuer davantage au programme de travail international sur
le développement du tourisme durable engagé par la Commission du développement
durable, notamment en ce qui concerne la diversité biologique, et à l'examen de sa
mise en oeuvre, qui sera effectué en 2002, demande à l'Organe subsidiaire de
transmettre, par l'intermédiaire du Secrétaire exécutif, ses conclusions à la
Commission du développement durable à sa dixième session;
g) Encourage les Parties, les gouvernements, l'industrie du tourisme et
les organisations compétentes à entreprendre des activités qui contribueraient aux
préparatifs tant de l'Année internationale de l'écotourisme que de l'Année
internationale des montagnes, ainsi qu'à l'action menée dans le cadre de l'Initiative
internationale pour les récifs coralliens.
Annexe
EVALUATION DES LIENS ENTRE LE TOURISME ET LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
I. LE ROLE DU TOURISME DANS L'UTILISATION DURABLE DES RESSOURCES BIOLOGIQUES
1. L'utilisation durable des éléments de la diversité biologique est l'un des
trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique. Aux fins de la
Convention, on entend par "utilisation durable" "l'utilisation des éléments
constitutifs de la diversité biologique d'une manière et à un rythme qui n'entraînent
pas leur appauvrissement à long terme, et sauvegardent ainsi leur potentiel pour
satisfaire les besoins et les aspirations des générations présentes et futures"
(article 2). Cette définition de l'u tilisation durable est compatible avec le principe
du développement durable énoncé dans la Déclaration de Rio sur l'environnement et
le développement et Action 21, selon lequel le "développement durable" répond aux
besoins et aux aspirations des génération s actuelles, sans compromettre la capacité
de répondre à ceux des générations futures. Le développement durable ne saurait
être réalisé sans l'utilisation durable des ressources biologiques mondiales. Le
principe de l'utilisation durable repose sur l'article 10 de la Convention sur la
diversité biologique, relatif à l'utilisation durable des éléments de la diversité
biologique, et sur l'article 6, concernant les mesures générales de conservation
et d'utilisation durable.
2. Le tourisme durable est organisé et géré d'une manière conforme à Action 21
et aux travaux engagés par la Commission du développement durable dans ce domaine.
En tant que tel, le tourisme durable comprend un volet utilisation durable des
ressources, y compris des ressources biologiques, a un impact environnemental,
écologique, culturel et social minimal et des avantages aussi élevés que possible.
L'adoption de modes de consommation et de production durables dans le secteur du
tourisme suppose un renforcement des politiques nationales et des capacités accrues
dans le domaine de la planification de l'espace, des évaluations d'impact et de
l'utilisation des instruments économiques et réglementaires, ainsi que dans les
domaines de l'information, de l'éducation et du marketing. Il faudrait accorder
une attention particulière à la dégradation de la diversité biologique et aux
écosystèmes fragiles, tels que les récifs coralliens, les montagnes, les zones
côtières et les zones humides. L'écotourisme est une nouvelle filière touristique
en expansion qui se fonde sur l'existence et le maintien de la diversité biologique
et des habitats. Si l'écotourisme suppose moins de construction d'infrastructures
et d'installations que le tourisme traditionnel, une planification et une gestion
adéquates sont importantes pour assurer son développement durable et ne pas menacer
une diversité biologique qui est sa raison d'être.
A. Importance économique du tourisme
3. Le tourisme est l'une des industries mondiales qui connaît la croissance la
plus rapide et, pour de nombreux pays en développement, il est la source principale
de recettes en devises étrangères. Sur une période de dix ans, de 1988 à 1997, les
recettes du tourisme international ont augmenté à un taux annuel moyen de 9% pour
atteindre 443 milliards de dollars en 1997. Les arrivées de touristes dans le monde
entier ont augmenté chaque année de 5% en moyenne au cours de la même période. 1/
D'après l'OMT, les recettes du tourisme re présentaient un peu plus de 8% de la totalité
des exportations de biens et près de 35% de la totalité des exportations de services
dans le monde en 1997. La ventilation de ces résultats montre que, dans l'ensemble,
les pays industrialisés sont des importateurs nets de ces services, tandis que
l'excédent des pays en développement pris dans leur ensemble a augmenté. Pour ce
dernier groupe de pays, l'excédent n'a cessé de s'accentuer, passant de 4,6 milliards
de dollars en 1980 à 65,9 milliards en 1996, com pensant plus des deux tiers du déficit
de leur balance des opérations courantes en 1996. L'excédent au titre du tourisme
s'est également renforcé dans toutes les régions en développement au cours de la
dernière décennie. Les pays à économie en transition ont enregistré un déficit de
3,5 milliards de dollars en 1995, qui s'est transformé en un excédent de 1,5 milliards
de dollars en 1996.
4. Du point de vue de la production, le tourisme contribue pour environ 1,5 %
au produit national brut (PNB) mondial. 2/ Le tourisme est également une source
majeure d'emploi, le secteur hôtelier employant à lui seul quelque 11,3 millions
de personnes dans le monde. 3/ En outre, le tourisme vert est un secteur vital et
en expansion de l'industrie touristique, représentant 260 milliards de dollars en
1995. 4/ Dans nombre de pays en développement, le tourisme a déjà dépassé la culture
de rapport ou l'exploitation minière comme principale source de revenu national. 5/
B. Tourisme et environnement
5. Les incidences sociales, économiques et environnementales du tourisme dans
le monde sont immenses et extrêmement complexes. Etant donné qu'un grand pourcentage
des activités touristiques comprend des visites de sites qui sont exceptionnels sur
le plan naturel ou culturel, et qui génèrent d'énormes revenus, il est évident que
le tourisme offre de remarquables occasions d'investissement dans l'entretien et
l'utilisation durable des ressources biologiques. Parallèlement, des efforts doivent
être faits pour réduire au minimum les effets néfastes de l'industrie touristique
sur la diversité biologique.
6. L'analyse des expériences passées montre que l'industrie touristique a rarement
réussi à s'autodiscipliner pour assurer l'utilisation durable des ressources
biologiques. Plusieurs facteurs expliquent un tel constat. D'une part, en raison
de l'intervention de plusieurs exploitants différents, les conditions écologiques
locales peuvent être considérées comme appartenant à tout un chacun. Il ne sera
pas dans l'intérêt d'un exploitant particulier d'investir plus que ses concurrents
pour maintenir l'état écologique général de site. De même, les exploitants ont
tendance à "exporter" les effets néfastes sur l'environnement, tels que les déchets,
les eaux usées et les détritus, vers les zon es qui entourent le site qui ne risquent
pas d'être visitées par les touristes. Il peut en résulter, sous sa forme la plus
extrême, ce qu'on appelle le "tourisme enclavé", où les touristes peuvent demeurer
durant tout leur séjour dans un environnement artificiellement maintenu, isolé de
ses alentours.
7. D'autre part, le tourisme international évolue dans un marché de plus en plus
universel, dans lequel les investisseurs et les touristes disposent d'un choix
croissant de destinations. C'est d'aill eurs la recherche d'expériences et de
destinations nouvelles et "inédites" qui constitue l'un des principaux moteurs du
cycle de vie du tourisme. En outre, la majeure partie de l'industrie touristique
est contrôlée par des intérêts financiers situés loin des destinations touristiques.
Dès que les conditions écologiques commencent à se détériorer à un endroit
particulier, ces exploitants qui préfèrent se replier sur de nouvelles destinations,
plutôt que d'investir dans l'amélioration de ces conditions.
8. Enfin, le marché du tourisme international est terriblement compétitif, les
marges de profit y sont le plus souvent très faibles. Les exploitants hésiteront
donc souvent à assumer les coûts supplémentaires liés à l'amélioration des conditions
environnementales, et trouveront plus pratique et plus économique de changer de lieu
d'exploitation plutôt que d'encourir de tels coûts.
C. Avantages potentiels du tourisme pour la conservation
de la diversité biologique et l'utilisation durable
de ses éléments constitutifs
9. Malgré des effets néfastes potentiels et compte tenu du fait que le tourisme
génère une grande part des revenus nationaux et que le tourisme vert représente un
pourcentage croissant des activités, le tourisme présente également un potentiel
important pour atteindre des résultats en terme de conservation de la diversité
biologique et d'utilisation durable de ses éléments constitutifs. Les avantages
potentiels du tourisme sont examinés dans cette section. Parmi ceux -ci, on compte
les recettes directes provenant des droits et taxes et des contributions volontaires
pour l'utilisation des ressources biologiques. Ces recettes peuvent servir pour
l'entretien de zones naturelles et contribuer au développement économique, du fait
notamment des effets induits sur d'autres secteurs connexes et sur la création
d'emplois.
10. Génération de revenus pour l'entretien des zones naturelles. Le moyen le plus
direct d'exploiter le tourisme aux fins de l'utilisation durable des ressources
biologiques consiste à canaliser une partie des recettes touristiques à cet effet.
On peut envisager d'instaurer une taxe environnementale imposée aux touristes en
général ou liée à certaines activités touristiques particulières ou des droits d'accès
aux ressources biologiques, les recettes recueillies pouvant servir à leur entretien.
Cette dernière option se traduit généralement par la mise en place d'un système
de droits d'entrée dans les parcs nationaux et les autres zones protégées, mais elle
peut inclure aussi l'imposition de droits pour des activités telles que la pêche,
la chasse et la plongée sous-marine. Les contributions volontaires des visiteurs
peuvent aussi contribuer à la conservation et à la gestion des sites qu'ils visitent.
Il peut s'agir de dons, d'adhésions, de parrainages, de marchandises et d'activités
pratiques.
11. Il existe plusieurs types d'activités touristiques spécialisés, d'importance
non négligeable et manifestement en expansion, pour lesquels les participants sont
prêts à payer des droits. Les programmes associant les touristes à l'observation.
et à la surveillance de la biodiversité à l'appui de projets de conservation
rencontrent un succès croissant. Le secteur le plus important actuellement est
probablement l'observation d'oiseaux, encore qu'il ne soit pas certain que les
ornithologues amateurs, lorsqu'ils sont en groupe, soient plus disposés à payer que
des touristes moins spécialisés. Dans le tourisme de la faune marine, la plongée
sous-marine constitue un important secteur spécialisé. Le secteur spécialisé dont
les participants semblent consentir le plus facilement à payer des droits est la
chasse sportive, pour laquelle des licences très élevées peuvent être imposées dans
certaines circonstances. Il faut égalemen t reconnaître que droits et taxes peuvent
servir aussi de mesures de régulation de l'accès aux sites et aux ressources
biologiques. En outre, la perspective d'une génération continue de recettes
représente un incitatif direct au maintien des populations o u des écosystèmes. La
faible participation des communautés locales peut toutefois constituer un aspect
négatif potentiel du tourisme spécialisé, étant donné que relativement peu de guides
spécialisés ou de directeurs de parcs viennent de la région même.
12. Contribution du tourisme au développement économique. Qu'ils versent ou non
des droits d'entrée, les touristes ont une influence majeure sur l'économie des régions
qu'ils visitent. Leurs dépenses, en termes nets, génèrent des revenus pour les
communautés hôtes, qui permettent notamment :
a) Le financement du développement d'infrastructures et de services. Le
tourisme stimule également les investissements en infrastructures, telles que la
construction de bâtiments, de routes, de voies ferrées, d'aéroports, de réseaux
d'égouts, d'usines de traitement des eaux et d'autres installations liées au tourisme.
Les infrastructures existantes peuvent également bénéficier aux communautés
locales, les touristes utilisant les installations d'une certaine façon, tandis que
la communauté les utilise à d'autres fins. Par exemple, une école peut tirer des
revenus de son utilisation comme terrain de camping ou centre de conférence.
L'expansion du tourisme peut également permettre aux communautés locales de
bénéficier de services de transport plus développés et meilleur marché;
b) La création d'emplois. Le tourisme est créateur d'emplois et offre
diverses possibilités commerciales. Les employés du secteur du tourisme risquent
de prendre mieux conscience de l'importance de préserver les zones naturelles;
c) Le financement du développement ou du maintien de pratiques durables.
L'augmentation des revenus dans une région peut également contribuer à l'adoption
de pratiques plus viables d'utilisation des sols, en permettant par exemple aux
agriculteurs de pratiquer un meilleur assolement et d'utiliser des fertilisants
plutôt que d'avoir recours à la culture sur brûlis pour restaurer la fertilité des sols pendant les périodes de jachère;
d) Des solutions de rechange et des moyens supplémentaires pour les
communautés de tirer des revenus de la diversité biologique. Le tourisme peut aussi
offrir une solution de rechange économiquement viable à des prat iques de production
ou de récolte non durables ou à d'autres activités nuisibles à l'environnement, surtout
dans les zones marginales, et contribuer à éliminer la pauvreté;
e) La création de revenus. Dans certaines régions, les activités agricoles
à faible apport et à petite échelle qui engendrent un environnement attrayant et
le maintien d'une grande diversité biologique peuvent également présenter des
possibilités touristiques. La vente de produits (souvenirs et objets artisanaux)
provenant de ressources naturelles récoltées de façon rationnelle peut également
offrir des possibilités intéressantes de générer des revenus et des emplois. Les
touristes qui ont visité un pays qui a la réputation d'être propre et vert peuvent
être tentés de choisir des produits provenant de ce pays.
13. Le tourisme durable peut également contribuer à la conservation de la diversité
biologique, surtout lorsque les communautés locales sont directement associées aux
voyagistes. Si ces communautés locales reçoivent des revenu s directs d'une entreprise
du secteur, elles attachent davantage de prix aux ressources qui les entourent.
Il en résulte une meilleure protection et conservation de ces ressources, car on
sait qu'elle constitue une source de revenus.
14. Education et sensibilisation du public. Le tourisme peut représenter une
occasion exceptionnelle d'éduquer le public, en faisant mieux connaître les
écosystèmes naturels et les communautés locales à beaucoup de gens, notamment grâce
à des voyagistes et à des guides ayant une formation spécialisée en matière de
conservation de la biodiversité, et de communautés autochtones et locales. Cette
démarche éducative peut d'ailleurs aller dans les deux sens. Dans certaines régions
du monde, grâce à l'essor du tourisme, les populations locales ont pris davantage
conscience du caractère unique de leurs ressources biologiques, comme la présence
d'espèces endémiques par exemple. Des touristes mieux informés sont plus disposés
à payer pour avoir accès aux sites naturels. Le tourisme peut également constituer
une incitation à préserver l'art et l'artisanat traditionnel et une occasion de
connaître des cultures différentes. En outre, le tourisme peut, dans certaines
circonstances, encourager le maintien, voire la renaissance, de pratiques
traditionnelles favorisant l'utilisation durable des ressources biologiques, qui
risqueraient autrement de se perdre.
II. IMPACTS POTENTIELS DU TOURISME SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
15. Lorsque l'on considère le rôle du tourisme dans l'utilisation durable des
ressources biologiques et leur diversité, il importe de tenir pleinement compte des
effets potentiellement négatifs du tourisme. Ces effets peuvent grossièrement être
divisés en impacts écologiques et impacts socio-économiques, ces derniers étant
généralement ressentis par les communautés locales et autochtones. Bien que ces
impacts sur les ressources biologiques puissent être moins faciles à quantifier et
à analyser systématiquement, il se peut qu'ils soient au moins aussi importants,
sinon plus, que les impacts écologiques à long terme. La section A ci -après traite
des effets potentiellement néfastes pour l'environnement, tandis que la section B
traite des effets potentiellement néfastes sur la société et l'économie.
A. Impacts écologiques
16. Utilisation des terres et des ressources. L'exploitation directe des
ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables, dans la fourniture de
services touristiques est l'un des impacts directs les plus importants du tourisme
dans n'importe quel secteur. Cette exploitation peut être pon ctuelle ou prolongée.
Les modes d'exploitation les plus importants sont : i) l'exploitation des terres
pour l'hébergement et autres infrastructures, en particulier les réseaux routiers;
ii) l'emploi de matériaux de construction. La vive concurrence que se livrent le
secteur touristique et d'autres secteurs pour l'emploi des terres provoque une
inflation des prix, et accroît la pression sur les terres agricoles. Le choix du
site à développer est également un facteur important. Les sites les plus attraya nts,
à savoir les plages de sable, les rives des lacs et des cours d'eau, les sommets
et pentes de montagnes sont souvent des zones de transition, généralement riches
en espèces. Ces sites sont souvent soit détruits soit gravement endommagés par les
travaux de construction. 6/ Le déboisement et l'exploitation inconsidérée des sols
peuvent également provoquer une érosion et une diminution de la diversité biologique.
Les zones humides côtières sont souvent drainées ou comblées, faute d'endroits plus
appropriés pour la construction des bâtiments et autres infrastructures. La
construction de marinas et d'installations pour les sports aquatiques ont également
un impact sur les écosystèmes et parfois même sur les récif coralliens. En outre
l'extraction des matériaux de construction est souvent néfaste pour les écosystèmes.
L'exploitation excessive du sable fin des plages, des coraux et du bois peut également
être à l'origine d'une érosion grave 7/. En outre, la création d'un cadre agréable
pour les touristes s'accompagne souvent de diverses formes d'intervention sur
l'environnement lourdes de conséquences pour les ressources biologiques, dans la
mesure où ces modifications vont au-delà des changements que l'environnement peut
supporter.
17. Impacts sur la végétation. Un impact direct sur la composition des essences
végétales de la couche superficielle peut résulter du piétinement et de la conduite
automobile hors route. Cette dernière pratique est fréquente dans les écosystèmes
perçus comme de peu de valeur, tels q ue les déserts. Les déserts sont des écosystèmes
fragiles qui peuvent être gravement endommagés par un seul passage de véhicule à
moteur. Le ramassage de plantes par les collectionneurs et les amateurs peut entraîner
la disparition d'espèces particulières. Le passage de véhicules de tourisme, en
particulier en grand nombre sur des routes très passantes, et la pollution qui en
résulte, ont aussi des effets néfastes sur la végétation et appauvrissent notamment
le couvert végétal. Des incendies de forêts sont parfois causés par des feux de
camp mal surveillés. Le choix des sites de construction peut aussi affecter la
végétation et la diversité des espèces. 8/
18. Impacts sur la faune et la flore sauvages. Les safaris et le tourisme vert
peuvent avoir un certain nombre d'impacts directs sur les ressources naturelles.
La gravité de ces impacts varie et n'a que rarement été véritablement quantifiée.
Les impacts réels ou potentiels sont notamment : i) les dommages causés par les
activités et les infrastructures touristiques; ii) le risque accru de propagation
chez les espèces sauvages d'agents pathogènes des êtres humains ou de leurs animaux
de compagnie ; iii) le risque accru d'introduction d'espèces exotiques; iv) la
perturbation des espèces sauvages, modifiant leur comportement normal et affectant
probablement le taux de mortalité et de reproduction; iv) la modification des
habitats; vi) l'exploitation non durable de la faune et de la flore sauvages par
les touristes.
19. L'un des effets directs sur la faune et la flore sauvages du tourisme incontrôlé
est la diminution des populations locales de certaines espèces, du fait de la chasse
et de la pêche. Les amateurs de plongée sous-marine et les voyagistes inavertis
peuvent causer des dommages importants aux récifs coralliens, par piétinement et
ancrage. L'afflux de touristes et les moyens de transport qu'ils utilisent peuvent
augmenter le risque d'introduction d'espèces exotiques. En outre, la présence
fréquente des êtres humains et les nuisances peuvent perturber le comportement des
animaux, qu'il s'agisse du bruit causé par les radios, les moteurs de bateaux et
les véhicules automobiles notamment. Même si le bruit est minime, les oiseaux d'eau
peuvent être perturbés par les canots et les bateaux à rame. La construction de
complexes touristiques peut modifier considérablement les habitats de la faune
sauvage et les écosystèmes. En outre, l'exploitation croissante de la faune sauvage
par les touristes peut affecter des populations locales d'espèces sauvages et la
pêche, ainsi que les quantités disponibles pour la consommation des populations
locales. La fabrication de souvenirs, en particulier à partir d'espèces en voie
d'extinction comme les coraux et les tortues, peut aussi affecter gravement ces
populations.
20. Impacts sur les milieux de montagne. Le tourisme exploite depuis des années
les montagnes, qui permettent toutes sortes d'activités : randonnée, descente des
cours d'eau, pêche à l'hameçon, parapente et sports d'hiver, no tamment le ski. Ces
activités exercent une forte pression sur les ressources et la diversité biologique,
provoquant notamment une érosion et une pollution dues à la création de chemins de
randonnée, à la construction de ponts en altitude, de camps, de cha lets et d'hôtels.
Les effets néfastes du tourisme sur les montagnes sont de mieux en mieux connus
et proclamés. Dès 1982, l'Union internationale des associations alpines a adopté
la Déclaration de Katmandou sur les activités de montagne pour pallier les pressions
exercées sur les écosystèmes fragiles des zones montagneuses et demander
l'application de meilleures pratiques. La Convention sur la protection des Alpes,
signée en 1991, et son Protocole sur le tourisme sont les premiers instruments
juridiques internationaux évaluant les risques potentiels du tourisme de montagne.
L'étude de cas menée sur le projet de conservation de l'Annapurna met également
en exergue la difficulté de gérer des activités touristiques croissantes dans les
écosystèmes de montagne fragiles.
21. Effets sur le milieu marin et les zones côtières . Les activités touristiques
peuvent avoir des effets majeurs sur le milieu marin et les zones côtières, leurs
ressources et la diversité de ces ressources. La plupart du temps, ces effet s sont
dus à une planification inadaptée, à un comportement irresponsable des touristes
et des voyagistes et/ou un manque d'éducation et de sensibilisation sur l'impact,
par exemple, des centres touristiques le long des côtes. Mais parfois, les décisions
de développement touristique reposent uniquement sur la recherche d'avantages
économiques, même si les risques
Etablissement de démarches et de pratiques pour l'utilisation
durable des ressources biologiques, notamment dans
le secteur du tourisme
L'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et
technologiques,
Rappelant les décisions IV/15 et IV/16 adoptées par la Conférence des Parties
à la Convention sur la diversité biologique à sa quatrième réunion,
Se félicitant des résultats de la septième session de la Commission du
développement durable sur le tourisme et le développement durable,
Rappelant également que l'Assemblée générale, dans sa résolution 53/200 du
15 décembre 1998, a proclamé 2002 Année internationale de l'écotourisme, et que,
dans sa résolution 53/24 du 10 novembre 1998, elle a également proclamé 2002 Année
internationale des montagnes,
Considérant l'importance du tourisme en tant qu'exemple d'utilisation durable
des éléments de la diversité biologique et considérant qu'à sa cinquième réunion
il sera procédé à l'examen de l'utilisation durable de la diversité biologique,
Sachant que les liens entre le tourisme et l'utilisation durable de la diversité
biologique seront examinés par le Secrétaire exécutif pour dégager les principes,
approches et méthodes qui pourraient s'appliquer à une étude plus vaste de
l'utilisation durable à la cinquième réunion de l'Organe subsidiaire, et que des
contacts seront pris en vue de cette réunion avec d'autres groupes s'intéressant
à la question de l'utilisation durable, tels que l'initiative pour l'utilisation
durable,
Recommande que la Conférence des Parties :
a) Adopte l'évaluation des liens entre la diversité biologique et le tourisme
qui figure en annexe à la présente recommandation, et qui porte sur :
i) Le rôle du tourisme dans l'utilisation durable des ressources biologiques,
notamment l'importance économique du tourisme, eu égard aux interactions
entre tourisme et environnement, et les avantages potentiels pour la
conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique;
ii) Les effets potentiels du tourisme sur la diversité biologique, y compris
ses effets économiques, sociaux et écologiques;
b) Accepte l'invitation à participer au programme de travail international
sur le développement du tourisme durable engagé par la Commission du développement
durable, en particulier en ce qui concerne la diversité biologique, afin de contribuer
à l'élaboration de lignes directrices internationales pour les activités liées au
développement d'un tourisme durable dans des écosystèmes et habitats terrestres,
marins et côtiers vulnérables présentant une importance majeure pour la diversité
biologique et les zones protégées, y compris le s écosystèmes fragiles de montagne;
c) Décide de transmettre l'évaluation des liens entre le tourisme et la
diversité biologique à la Commission du développement durable, en lui recommandant
d'incorporer cette évaluation au programme de travail international sur le
développement du tourisme durable;
d) Recommande aux Parties, aux gouvernements, à l'industrie du tourisme
et aux organisations internationales compétentes de prendre cette évaluation pour
base de leurs politiques, programmes et activités da ns le domaine du tourisme durable
et les encourage à accorder une attention particulière aux éléments ci-après :
i) Le rôle unique de l'écotourisme, c'est-à-dire un tourisme fondé sur
l'existence ou le maintien des habitats et de la diversité biologiq ue,
et la nécessité de mettre au point des stratégies bien définies de
promotion d'un écotourisme viable offrant aux communautés locales et
autochtones des possibilités durables d'activités rémunératrices;
ii) La nécessité d'élaborer, avec toutes les pa rties prenantes potentielles,
des stratégies et plans fondés sur une approche par écosystème et visant
à trouver un juste équilibre entre les préoccupations économiques,
sociales et environnementales, en tirant le meilleur parti des
possibilités de conservation et d'utilisation durable de la diversité
biologique et de partage équitable des avantages, tout en reconnaissant
l'intérêt des connaissances traditionnelles et en réduisant au minimum
les risques en matière de diversité biologique;
iii) La nécessité d'une surveillance et d'une évaluation à long terme, y compris
l'élaboration et l'utilisation d'indicateurs pour évaluer l'impact du
tourisme sur la diversité biologique et améliorer en conséquence les
stratégies et plans en matière d'activités touristiques;
iv) L'apport aux économies locales d'avantages tangibles, notamment en termes
de création d'emplois et de partage des effets bénéfiques de l'utilisation
durable de la diversité biologique aux fins du tourisme, les petites
et moyennes entreprises pouvant jouer un rôle important en la matière;
v) La nécessité de promouvoir un tourisme durable, essentiel à la
conservation et à la gestion de la diversité biologique, et de répondre
aux attentes de toutes les parties prenantes, tout en encourageant
l'adoption de comportements responsables de la part des touristes, des
employés du secteur du tourisme et de la population locale;
vi) La prise de conscience, le partage d'informations, l'éducation et la
formation des voyagistes et la sensibilisation des touristes aux questions
relatives à la diversité biologique, pour favoriser l'objectif du respect
et de la conservation de la diversité biologique et son utilisation
durable;
vii) Le fait que l'utilisation durable de la diversité biologique par le
tourisme suppose l'application d'une panoplie souple d'instruments, tels
que la planification intégrée, le dialogue entre les diverses parties
prenantes, le zonage pour l'aménagement du territoire, les évaluations
d'impact sur l'environnement - y compris les évaluations d'impact
stratégiques - les normes, les programmes de consécration des performances
de l'industrie, les écolabels, les codes de bonnes pratiques, les systèmes
de gestion et d'audit de l'environnement, les instruments économiques,
les indicateurs et limites en matière de capacité d'accueil des zones
naturelles;
viii) L'importance d'associer et de faire participer les communautés
autochtones et locales et l'interaction avec d'autres secteurs dans le
développement et la gestion du tourisme, ains i que le suivi et l'évaluation
de cette participation, notamment pour ce qui est de son impact culturel
et spirituel;
xi) L'importance de comprendre les valeurs et les connaissances des
communautés autochtones et locales en matière d'utilisation de la
diversité biologique et les possibilités de tourisme durable et de
promotion du tourisme local que cela offre;
e) Approuve les travaux menés par l'Organe subsidiaire sur le tourisme en
tant qu'exemple d'utilisation durable de la diversité biologique par l'échange de
données d'expérience, de connaissances et des meilleures pratiques au travers du
centre d'échange et encourage les Parties, les gouvernements et les organisations
compétentes à continuer de présenter au Secrétaire exécutif des études de cas en
la matière;
f) Afin de contribuer davantage au programme de travail international sur
le développement du tourisme durable engagé par la Commission du développement
durable, notamment en ce qui concerne la diversité biologique, et à l'examen de sa
mise en oeuvre, qui sera effectué en 2002, demande à l'Organe subsidiaire de
transmettre, par l'intermédiaire du Secrétaire exécutif, ses conclusions à la
Commission du développement durable à sa dixième session;
g) Encourage les Parties, les gouvernements, l'industrie du tourisme et
les organisations compétentes à entreprendre des activités qui contribueraient aux
préparatifs tant de l'Année internationale de l'écotourisme que de l'Année
internationale des montagnes, ainsi qu'à l'action menée dans le cadre de l'Initiative
internationale pour les récifs coralliens.
Annexe
EVALUATION DES LIENS ENTRE LE TOURISME ET LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
I. LE ROLE DU TOURISME DANS L'UTILISATION DURABLE DES RESSOURCES BIOLOGIQUES
1. L'utilisation durable des éléments de la diversité biologique est l'un des
trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique. Aux fins de la
Convention, on entend par "utilisation durable" "l'utilisation des éléments
constitutifs de la diversité biologique d'une manière et à un rythme qui n'entraînent
pas leur appauvrissement à long terme, et sauvegardent ainsi leur potentiel pour
satisfaire les besoins et les aspirations des générations présentes et futures"
(article 2). Cette définition de l'u tilisation durable est compatible avec le principe
du développement durable énoncé dans la Déclaration de Rio sur l'environnement et
le développement et Action 21, selon lequel le "développement durable" répond aux
besoins et aux aspirations des génération s actuelles, sans compromettre la capacité
de répondre à ceux des générations futures. Le développement durable ne saurait
être réalisé sans l'utilisation durable des ressources biologiques mondiales. Le
principe de l'utilisation durable repose sur l'article 10 de la Convention sur la
diversité biologique, relatif à l'utilisation durable des éléments de la diversité
biologique, et sur l'article 6, concernant les mesures générales de conservation
et d'utilisation durable.
2. Le tourisme durable est organisé et géré d'une manière conforme à Action 21
et aux travaux engagés par la Commission du développement durable dans ce domaine.
En tant que tel, le tourisme durable comprend un volet utilisation durable des
ressources, y compris des ressources biologiques, a un impact environnemental,
écologique, culturel et social minimal et des avantages aussi élevés que possible.
L'adoption de modes de consommation et de production durables dans le secteur du
tourisme suppose un renforcement des politiques nationales et des capacités accrues
dans le domaine de la planification de l'espace, des évaluations d'impact et de
l'utilisation des instruments économiques et réglementaires, ainsi que dans les
domaines de l'information, de l'éducation et du marketing. Il faudrait accorder
une attention particulière à la dégradation de la diversité biologique et aux
écosystèmes fragiles, tels que les récifs coralliens, les montagnes, les zones
côtières et les zones humides. L'écotourisme est une nouvelle filière touristique
en expansion qui se fonde sur l'existence et le maintien de la diversité biologique
et des habitats. Si l'écotourisme suppose moins de construction d'infrastructures
et d'installations que le tourisme traditionnel, une planification et une gestion
adéquates sont importantes pour assurer son développement durable et ne pas menacer
une diversité biologique qui est sa raison d'être.
A. Importance économique du tourisme
3. Le tourisme est l'une des industries mondiales qui connaît la croissance la
plus rapide et, pour de nombreux pays en développement, il est la source principale
de recettes en devises étrangères. Sur une période de dix ans, de 1988 à 1997, les
recettes du tourisme international ont augmenté à un taux annuel moyen de 9% pour
atteindre 443 milliards de dollars en 1997. Les arrivées de touristes dans le monde
entier ont augmenté chaque année de 5% en moyenne au cours de la même période. 1/
D'après l'OMT, les recettes du tourisme re présentaient un peu plus de 8% de la totalité
des exportations de biens et près de 35% de la totalité des exportations de services
dans le monde en 1997. La ventilation de ces résultats montre que, dans l'ensemble,
les pays industrialisés sont des importateurs nets de ces services, tandis que
l'excédent des pays en développement pris dans leur ensemble a augmenté. Pour ce
dernier groupe de pays, l'excédent n'a cessé de s'accentuer, passant de 4,6 milliards
de dollars en 1980 à 65,9 milliards en 1996, com pensant plus des deux tiers du déficit
de leur balance des opérations courantes en 1996. L'excédent au titre du tourisme
s'est également renforcé dans toutes les régions en développement au cours de la
dernière décennie. Les pays à économie en transition ont enregistré un déficit de
3,5 milliards de dollars en 1995, qui s'est transformé en un excédent de 1,5 milliards
de dollars en 1996.
4. Du point de vue de la production, le tourisme contribue pour environ 1,5 %
au produit national brut (PNB) mondial. 2/ Le tourisme est également une source
majeure d'emploi, le secteur hôtelier employant à lui seul quelque 11,3 millions
de personnes dans le monde. 3/ En outre, le tourisme vert est un secteur vital et
en expansion de l'industrie touristique, représentant 260 milliards de dollars en
1995. 4/ Dans nombre de pays en développement, le tourisme a déjà dépassé la culture
de rapport ou l'exploitation minière comme principale source de revenu national. 5/
B. Tourisme et environnement
5. Les incidences sociales, économiques et environnementales du tourisme dans
le monde sont immenses et extrêmement complexes. Etant donné qu'un grand pourcentage
des activités touristiques comprend des visites de sites qui sont exceptionnels sur
le plan naturel ou culturel, et qui génèrent d'énormes revenus, il est évident que
le tourisme offre de remarquables occasions d'investissement dans l'entretien et
l'utilisation durable des ressources biologiques. Parallèlement, des efforts doivent
être faits pour réduire au minimum les effets néfastes de l'industrie touristique
sur la diversité biologique.
6. L'analyse des expériences passées montre que l'industrie touristique a rarement
réussi à s'autodiscipliner pour assurer l'utilisation durable des ressources
biologiques. Plusieurs facteurs expliquent un tel constat. D'une part, en raison
de l'intervention de plusieurs exploitants différents, les conditions écologiques
locales peuvent être considérées comme appartenant à tout un chacun. Il ne sera
pas dans l'intérêt d'un exploitant particulier d'investir plus que ses concurrents
pour maintenir l'état écologique général de site. De même, les exploitants ont
tendance à "exporter" les effets néfastes sur l'environnement, tels que les déchets,
les eaux usées et les détritus, vers les zon es qui entourent le site qui ne risquent
pas d'être visitées par les touristes. Il peut en résulter, sous sa forme la plus
extrême, ce qu'on appelle le "tourisme enclavé", où les touristes peuvent demeurer
durant tout leur séjour dans un environnement artificiellement maintenu, isolé de
ses alentours.
7. D'autre part, le tourisme international évolue dans un marché de plus en plus
universel, dans lequel les investisseurs et les touristes disposent d'un choix
croissant de destinations. C'est d'aill eurs la recherche d'expériences et de
destinations nouvelles et "inédites" qui constitue l'un des principaux moteurs du
cycle de vie du tourisme. En outre, la majeure partie de l'industrie touristique
est contrôlée par des intérêts financiers situés loin des destinations touristiques.
Dès que les conditions écologiques commencent à se détériorer à un endroit
particulier, ces exploitants qui préfèrent se replier sur de nouvelles destinations,
plutôt que d'investir dans l'amélioration de ces conditions.
8. Enfin, le marché du tourisme international est terriblement compétitif, les
marges de profit y sont le plus souvent très faibles. Les exploitants hésiteront
donc souvent à assumer les coûts supplémentaires liés à l'amélioration des conditions
environnementales, et trouveront plus pratique et plus économique de changer de lieu
d'exploitation plutôt que d'encourir de tels coûts.
C. Avantages potentiels du tourisme pour la conservation
de la diversité biologique et l'utilisation durable
de ses éléments constitutifs
9. Malgré des effets néfastes potentiels et compte tenu du fait que le tourisme
génère une grande part des revenus nationaux et que le tourisme vert représente un
pourcentage croissant des activités, le tourisme présente également un potentiel
important pour atteindre des résultats en terme de conservation de la diversité
biologique et d'utilisation durable de ses éléments constitutifs. Les avantages
potentiels du tourisme sont examinés dans cette section. Parmi ceux -ci, on compte
les recettes directes provenant des droits et taxes et des contributions volontaires
pour l'utilisation des ressources biologiques. Ces recettes peuvent servir pour
l'entretien de zones naturelles et contribuer au développement économique, du fait
notamment des effets induits sur d'autres secteurs connexes et sur la création
d'emplois.
10. Génération de revenus pour l'entretien des zones naturelles. Le moyen le plus
direct d'exploiter le tourisme aux fins de l'utilisation durable des ressources
biologiques consiste à canaliser une partie des recettes touristiques à cet effet.
On peut envisager d'instaurer une taxe environnementale imposée aux touristes en
général ou liée à certaines activités touristiques particulières ou des droits d'accès
aux ressources biologiques, les recettes recueillies pouvant servir à leur entretien.
Cette dernière option se traduit généralement par la mise en place d'un système
de droits d'entrée dans les parcs nationaux et les autres zones protégées, mais elle
peut inclure aussi l'imposition de droits pour des activités telles que la pêche,
la chasse et la plongée sous-marine. Les contributions volontaires des visiteurs
peuvent aussi contribuer à la conservation et à la gestion des sites qu'ils visitent.
Il peut s'agir de dons, d'adhésions, de parrainages, de marchandises et d'activités
pratiques.
11. Il existe plusieurs types d'activités touristiques spécialisés, d'importance
non négligeable et manifestement en expansion, pour lesquels les participants sont
prêts à payer des droits. Les programmes associant les touristes à l'observation.
et à la surveillance de la biodiversité à l'appui de projets de conservation
rencontrent un succès croissant. Le secteur le plus important actuellement est
probablement l'observation d'oiseaux, encore qu'il ne soit pas certain que les
ornithologues amateurs, lorsqu'ils sont en groupe, soient plus disposés à payer que
des touristes moins spécialisés. Dans le tourisme de la faune marine, la plongée
sous-marine constitue un important secteur spécialisé. Le secteur spécialisé dont
les participants semblent consentir le plus facilement à payer des droits est la
chasse sportive, pour laquelle des licences très élevées peuvent être imposées dans
certaines circonstances. Il faut égalemen t reconnaître que droits et taxes peuvent
servir aussi de mesures de régulation de l'accès aux sites et aux ressources
biologiques. En outre, la perspective d'une génération continue de recettes
représente un incitatif direct au maintien des populations o u des écosystèmes. La
faible participation des communautés locales peut toutefois constituer un aspect
négatif potentiel du tourisme spécialisé, étant donné que relativement peu de guides
spécialisés ou de directeurs de parcs viennent de la région même.
12. Contribution du tourisme au développement économique. Qu'ils versent ou non
des droits d'entrée, les touristes ont une influence majeure sur l'économie des régions
qu'ils visitent. Leurs dépenses, en termes nets, génèrent des revenus pour les
communautés hôtes, qui permettent notamment :
a) Le financement du développement d'infrastructures et de services. Le
tourisme stimule également les investissements en infrastructures, telles que la
construction de bâtiments, de routes, de voies ferrées, d'aéroports, de réseaux
d'égouts, d'usines de traitement des eaux et d'autres installations liées au tourisme.
Les infrastructures existantes peuvent également bénéficier aux communautés
locales, les touristes utilisant les installations d'une certaine façon, tandis que
la communauté les utilise à d'autres fins. Par exemple, une école peut tirer des
revenus de son utilisation comme terrain de camping ou centre de conférence.
L'expansion du tourisme peut également permettre aux communautés locales de
bénéficier de services de transport plus développés et meilleur marché;
b) La création d'emplois. Le tourisme est créateur d'emplois et offre
diverses possibilités commerciales. Les employés du secteur du tourisme risquent
de prendre mieux conscience de l'importance de préserver les zones naturelles;
c) Le financement du développement ou du maintien de pratiques durables.
L'augmentation des revenus dans une région peut également contribuer à l'adoption
de pratiques plus viables d'utilisation des sols, en permettant par exemple aux
agriculteurs de pratiquer un meilleur assolement et d'utiliser des fertilisants
plutôt que d'avoir recours à la culture sur brûlis pour restaurer la fertilité des sols pendant les périodes de jachère;
d) Des solutions de rechange et des moyens supplémentaires pour les
communautés de tirer des revenus de la diversité biologique. Le tourisme peut aussi
offrir une solution de rechange économiquement viable à des prat iques de production
ou de récolte non durables ou à d'autres activités nuisibles à l'environnement, surtout
dans les zones marginales, et contribuer à éliminer la pauvreté;
e) La création de revenus. Dans certaines régions, les activités agricoles
à faible apport et à petite échelle qui engendrent un environnement attrayant et
le maintien d'une grande diversité biologique peuvent également présenter des
possibilités touristiques. La vente de produits (souvenirs et objets artisanaux)
provenant de ressources naturelles récoltées de façon rationnelle peut également
offrir des possibilités intéressantes de générer des revenus et des emplois. Les
touristes qui ont visité un pays qui a la réputation d'être propre et vert peuvent
être tentés de choisir des produits provenant de ce pays.
13. Le tourisme durable peut également contribuer à la conservation de la diversité
biologique, surtout lorsque les communautés locales sont directement associées aux
voyagistes. Si ces communautés locales reçoivent des revenu s directs d'une entreprise
du secteur, elles attachent davantage de prix aux ressources qui les entourent.
Il en résulte une meilleure protection et conservation de ces ressources, car on
sait qu'elle constitue une source de revenus.
14. Education et sensibilisation du public. Le tourisme peut représenter une
occasion exceptionnelle d'éduquer le public, en faisant mieux connaître les
écosystèmes naturels et les communautés locales à beaucoup de gens, notamment grâce
à des voyagistes et à des guides ayant une formation spécialisée en matière de
conservation de la biodiversité, et de communautés autochtones et locales. Cette
démarche éducative peut d'ailleurs aller dans les deux sens. Dans certaines régions
du monde, grâce à l'essor du tourisme, les populations locales ont pris davantage
conscience du caractère unique de leurs ressources biologiques, comme la présence
d'espèces endémiques par exemple. Des touristes mieux informés sont plus disposés
à payer pour avoir accès aux sites naturels. Le tourisme peut également constituer
une incitation à préserver l'art et l'artisanat traditionnel et une occasion de
connaître des cultures différentes. En outre, le tourisme peut, dans certaines
circonstances, encourager le maintien, voire la renaissance, de pratiques
traditionnelles favorisant l'utilisation durable des ressources biologiques, qui
risqueraient autrement de se perdre.
II. IMPACTS POTENTIELS DU TOURISME SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
15. Lorsque l'on considère le rôle du tourisme dans l'utilisation durable des
ressources biologiques et leur diversité, il importe de tenir pleinement compte des
effets potentiellement négatifs du tourisme. Ces effets peuvent grossièrement être
divisés en impacts écologiques et impacts socio-économiques, ces derniers étant
généralement ressentis par les communautés locales et autochtones. Bien que ces
impacts sur les ressources biologiques puissent être moins faciles à quantifier et
à analyser systématiquement, il se peut qu'ils soient au moins aussi importants,
sinon plus, que les impacts écologiques à long terme. La section A ci -après traite
des effets potentiellement néfastes pour l'environnement, tandis que la section B
traite des effets potentiellement néfastes sur la société et l'économie.
A. Impacts écologiques
16. Utilisation des terres et des ressources. L'exploitation directe des
ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables, dans la fourniture de
services touristiques est l'un des impacts directs les plus importants du tourisme
dans n'importe quel secteur. Cette exploitation peut être pon ctuelle ou prolongée.
Les modes d'exploitation les plus importants sont : i) l'exploitation des terres
pour l'hébergement et autres infrastructures, en particulier les réseaux routiers;
ii) l'emploi de matériaux de construction. La vive concurrence que se livrent le
secteur touristique et d'autres secteurs pour l'emploi des terres provoque une
inflation des prix, et accroît la pression sur les terres agricoles. Le choix du
site à développer est également un facteur important. Les sites les plus attraya nts,
à savoir les plages de sable, les rives des lacs et des cours d'eau, les sommets
et pentes de montagnes sont souvent des zones de transition, généralement riches
en espèces. Ces sites sont souvent soit détruits soit gravement endommagés par les
travaux de construction. 6/ Le déboisement et l'exploitation inconsidérée des sols
peuvent également provoquer une érosion et une diminution de la diversité biologique.
Les zones humides côtières sont souvent drainées ou comblées, faute d'endroits plus
appropriés pour la construction des bâtiments et autres infrastructures. La
construction de marinas et d'installations pour les sports aquatiques ont également
un impact sur les écosystèmes et parfois même sur les récif coralliens. En outre
l'extraction des matériaux de construction est souvent néfaste pour les écosystèmes.
L'exploitation excessive du sable fin des plages, des coraux et du bois peut également
être à l'origine d'une érosion grave 7/. En outre, la création d'un cadre agréable
pour les touristes s'accompagne souvent de diverses formes d'intervention sur
l'environnement lourdes de conséquences pour les ressources biologiques, dans la
mesure où ces modifications vont au-delà des changements que l'environnement peut
supporter.
17. Impacts sur la végétation. Un impact direct sur la composition des essences
végétales de la couche superficielle peut résulter du piétinement et de la conduite
automobile hors route. Cette dernière pratique est fréquente dans les écosystèmes
perçus comme de peu de valeur, tels q ue les déserts. Les déserts sont des écosystèmes
fragiles qui peuvent être gravement endommagés par un seul passage de véhicule à
moteur. Le ramassage de plantes par les collectionneurs et les amateurs peut entraîner
la disparition d'espèces particulières. Le passage de véhicules de tourisme, en
particulier en grand nombre sur des routes très passantes, et la pollution qui en
résulte, ont aussi des effets néfastes sur la végétation et appauvrissent notamment
le couvert végétal. Des incendies de forêts sont parfois causés par des feux de
camp mal surveillés. Le choix des sites de construction peut aussi affecter la
végétation et la diversité des espèces. 8/
18. Impacts sur la faune et la flore sauvages. Les safaris et le tourisme vert
peuvent avoir un certain nombre d'impacts directs sur les ressources naturelles.
La gravité de ces impacts varie et n'a que rarement été véritablement quantifiée.
Les impacts réels ou potentiels sont notamment : i) les dommages causés par les
activités et les infrastructures touristiques; ii) le risque accru de propagation
chez les espèces sauvages d'agents pathogènes des êtres humains ou de leurs animaux
de compagnie ; iii) le risque accru d'introduction d'espèces exotiques; iv) la
perturbation des espèces sauvages, modifiant leur comportement normal et affectant
probablement le taux de mortalité et de reproduction; iv) la modification des
habitats; vi) l'exploitation non durable de la faune et de la flore sauvages par
les touristes.
19. L'un des effets directs sur la faune et la flore sauvages du tourisme incontrôlé
est la diminution des populations locales de certaines espèces, du fait de la chasse
et de la pêche. Les amateurs de plongée sous-marine et les voyagistes inavertis
peuvent causer des dommages importants aux récifs coralliens, par piétinement et
ancrage. L'afflux de touristes et les moyens de transport qu'ils utilisent peuvent
augmenter le risque d'introduction d'espèces exotiques. En outre, la présence
fréquente des êtres humains et les nuisances peuvent perturber le comportement des
animaux, qu'il s'agisse du bruit causé par les radios, les moteurs de bateaux et
les véhicules automobiles notamment. Même si le bruit est minime, les oiseaux d'eau
peuvent être perturbés par les canots et les bateaux à rame. La construction de
complexes touristiques peut modifier considérablement les habitats de la faune
sauvage et les écosystèmes. En outre, l'exploitation croissante de la faune sauvage
par les touristes peut affecter des populations locales d'espèces sauvages et la
pêche, ainsi que les quantités disponibles pour la consommation des populations
locales. La fabrication de souvenirs, en particulier à partir d'espèces en voie
d'extinction comme les coraux et les tortues, peut aussi affecter gravement ces
populations.
20. Impacts sur les milieux de montagne. Le tourisme exploite depuis des années
les montagnes, qui permettent toutes sortes d'activités : randonnée, descente des
cours d'eau, pêche à l'hameçon, parapente et sports d'hiver, no tamment le ski. Ces
activités exercent une forte pression sur les ressources et la diversité biologique,
provoquant notamment une érosion et une pollution dues à la création de chemins de
randonnée, à la construction de ponts en altitude, de camps, de cha lets et d'hôtels.
Les effets néfastes du tourisme sur les montagnes sont de mieux en mieux connus
et proclamés. Dès 1982, l'Union internationale des associations alpines a adopté
la Déclaration de Katmandou sur les activités de montagne pour pallier les pressions
exercées sur les écosystèmes fragiles des zones montagneuses et demander
l'application de meilleures pratiques. La Convention sur la protection des Alpes,
signée en 1991, et son Protocole sur le tourisme sont les premiers instruments
juridiques internationaux évaluant les risques potentiels du tourisme de montagne.
L'étude de cas menée sur le projet de conservation de l'Annapurna met également
en exergue la difficulté de gérer des activités touristiques croissantes dans les
écosystèmes de montagne fragiles.
21. Effets sur le milieu marin et les zones côtières . Les activités touristiques
peuvent avoir des effets majeurs sur le milieu marin et les zones côtières, leurs
ressources et la diversité de ces ressources. La plupart du temps, ces effet s sont
dus à une planification inadaptée, à un comportement irresponsable des touristes
et des voyagistes et/ou un manque d'éducation et de sensibilisation sur l'impact,
par exemple, des centres touristiques le long des côtes. Mais parfois, les décisions
de développement touristique reposent uniquement sur la recherche d'avantages
économiques, même si les risques de dommages pour l'environnement sont connus, comme
dans le cas de divers centres touristiques construits sur les récifs coralliens.
L'érosion côtière touche souvent des infrastructures côtières qui ont été
construites pour le tourisme. Or ce sont souvent ces mêmes infrastructures qui
ont modifié le processus de renouvellement des dunes (provoquant l'érosion des
plages), transformé les courants l ocaux par la construction de structures portuaires
(causant, par exemple, l'étouffement de coraux de surface), et provoqué
l'eutrophisation par l'installation de systèmes d'égouts à des emplacements non
appropriés et par l'absence fréquente de traitement des effluents. Sur les plans
d'eau, la navigation touristique a parfois été une source de pollution en raison
de déversements intentionnels, ainsi qu'un moyen de transport d'espèces envahissantes
vers de nouveaux milieux.
22. Alors que l'impact du tourisme sur les ressources côtières est probablement
déjà une question sérieuse, la dégradation de ces ressources peut provoquer
l'appauvrissement de leur diversité, comme dans le cas des écosystèmes de mangroves
près des centres touristiques. Ceci risque d'avoir des répercussions écologiques
et économiques importantes pour les populations locales et de provoquer leur
déplacement.
23. Effets sur les ressources aquatiques. Dans de nombreuses régions du monde,
l'eau douce, en général, fait déjà l'objet d'une demande croissante pour
l'agriculture, l'industrie et les ménages. Dans certains endroits, notamment dans
de nombreux petits pays insulaires en développement, la demande accrue provoquée
par le tourisme, qui est particulièrement gros consommateur d'eau, pose un grave
problème. 9/ L'extraction des eaux souterraines pour certaines activités liées
au tourisme peut causer l'assèchement, entraînant une perte de diversité biologique.
Certaines activités sont potentiellement plus nuisibles que d'autres pour la qualité
des eaux. L'usage des bateaux à moteur, par exemple, peut provoquer l'érosion des
plages et du littoral, la propagation des mauvaises herbes aquatiques, la
contamination chimique, ainsi que la turbulence et la turbidité des bas-fonds. 10/
L'évacuation des effluents non traités dans les rivières et les mers avoisinantes
peut causer l'eutrophisation. Elle peut aussi introduire dans ces eaux une grande
quantité d'agents pathogènes, les rendant impropres à la baignade. Les écosystèmes
naturellement riches en substances nutritives, tels que les mangroves, peuvent
remplir les fonctions de tampon ou de filtre, mais seulement dans une certaine mesure. 11/
24. Gestion des déchets. L'évacuation des déchets générés par l'industrie
touristique peut causer d'importants problèmes écologiques. Ces déchets peuvent
généralement être classés en trois catégories: les eaux d'égout et les eaux usées;
les déchets chimiques , les substances toxiques et les agents polluants; et les déchets
solides (ordures ou résidus). Nous avons déjà mentionné les effets du déversement
direct des ordures ou des eaux d'égout non traitées, tels que l'eutrophisation,
l'appauvrissement en oxygène et la prolifération des algues.
25. Effets des voyages sur l'environnement. Les voyages à destination et en
provenance de centres touristiques ont un impact significatif sur l'environnement,
par la pollution et la production de gaz à effets de serre. Une large proportion
de ces voyages internationaux se fait par avion. De tels voyages sont, du point
de vue de l'environnement, les plus coûteux par passager-kilomètre, bien que les
coûts réels soient difficiles à évaluer avec précision, tout comme les incidences
sur les ressources biologiques et leur diversité.
B. Effets socio-économiques et culturels du tourisme
26. Afflux de personnes et dégradation sociale en découlant. L'essor des activités
touristiques peut provoquer un afflux de personnes à la recherche d'un emploi ou
d'occasions de faire des affaires mais qui ne trouvent pas toujours d'emploi leur
convenant. Il peut en résulter une dégradation sociale: prostitution locale, abus
de drogues, etc. 12/ En outre, en raison de la nature instable du tourisme
international, les communautés dont l'économie finit par dépendre fortement du
tourisme sont vulnérables à l'évolution de la fréquentation touristique et risquent
de perdre soudain des emplois et des sources de revenus en cas de fléchissement de
l'activité.
27. Effets sur les communautés locales. Lorsqu'il y a un développement du tourisme,
les avantages économiques sont généralement inégalement répartis au sein des
communautés locales. Il apparaît que ceux qui en bénéficient sont peu nombreux et
que ceux qui en bénéficient le plus avaient déjà souvent un avantage économique au
départ, en particulier les propriétaires fonciers qui peuvent se permettre
d'investir. Le tourisme spécialisé peut également n'associer qu'une fraction de
la communauté locale de telle sorte que la grande majorité des membres de la communauté
n'ait pas accès aux ressources en question. Dans le cas d'investissements étrangers
directs, la plupart des profits peuvent être rapatriés vers le pays d'origine. Le
tourisme peut donc en fait contribuer à exacerber les inégalités et donc la pauvreté
relative au sein des communautés. En outre, le tourisme renforce la demande locale
de biens et services, notamment les produits alimentaires, ce entraîne un relèvement
des prix des prix et une réduction potentielle de l'accès des populations locales
à ces produits. Ces tendances sont souvent accentuées lorsque les populations et
les communautés touchées par le tourisme ne sont pas consultées.
28. Il y a un exemple plus frappant de conflit direct entre le tourisme et les
besoins et les aspirations des populations locales: c'est le cas où ces populations
sont exclues de certaines zones particulières réservées aux touristes, ou du moins
dont l'accès leur est strictement limité. Il s'agit la plupart du temps de zones
protégées créées aux fins de la protection de la faune et de la flore sauvages.
Dans de nombreux cas, par contre, la désignation de ces sites comme zones protégées
et l'exclusion des populations locales de ces zones ont précé dé l'essor du tourisme
dans ces régions au lieu d'en être la conséquence. D'un autre côté, comme aux Maldives
les conflits directs peuvent être évités en isolant l'industrie du tourisme du gros
de la population autochtone. Un tel isolement a été possible aux Maldives grâce
au nombre élevé d'îles inhabitées pouvant être développées en centres touristiques.
13/
29. Effets sur les valeurs culturelles. L'impact du tourisme sur les valeurs
culturelles est extrêmement complexe. Les activités touristiques peuvent prov oquer
des conflits entre les générations, les aspirations des membres les plus jeunes de
la communauté locale pouvant changer du fait de contacts plus fréquents avec les
touristes, d'autant qu'ils sont plus susceptibles de subir leur influence. En outre,
le tourisme peut également affecter les rapports entre les sexes, en offrant par
exemple des possibilités d'emplois différents aux hommes et aux femmes. Les pratiques
et les manifestations traditionnelles peuvent également être influencées par les
préférences des touristes. Il peut en résulter une érosion des pratiques
traditionnelles, et notamment de la culture, ainsi qu'une modification des modes
de vie traditionnels. En outre, le développement du tourisme peut entraîner pour
les communautés autochtones et locales la perte de l'accès à leurs terres et à leurs
ressources ainsi qu'aux sites sacrés, qui sont partie intégrante de la préservation
de leurs systèmes de connaissance et de leurs modes de vie traditionnels.
Annexe II
ORDRE DU JOUR PROVISOIRE DE LA CINQUIEME REUNION DE L'ORGANE SUBSIDIAIRE CHARGE DE
FOURNIR DES AVIS SCIENTIFIQUES, TECHNIQUES ET TECHNOLOGIQUES
1. Ouverture de la réunion.
2. Questions d'organisation :
2.2 Adoption de l'ordre du jour;
2.3 Organisation des travaux.
3. Rapports :
3.1 Coopération avec d'autres organismes;
3.2 Examen indépendant de la phase pilote du centre d'échange;
3.3 Examen de l'Initiative taxonomique mondiale;
3.4 Espèces exotiques : principes directeurs pour la prévention,
l'introduction et l'atténuation des effets;
3.5 Questions spécifiques relatives aux programmes de travail sur les
domaines thématiques :
3.5.1 Diversité biologique des eaux intérieures : moyens de mettre en
oeuvre le programme de travail;
3.5.2 Diversité biologique du milieu marin et des zones côtières : examen
des outils de mise en oeuvre du programme de travail et analyse
du blanchissement des coraux;
3.5.3 Diversité biologique des forêts : état et évolution et choix
possibles pour la conservation et l'utilisation durable.
4. Questions prioritaires :
4.1 Domaines thématiques :
4.1.1 Programme de travail sur la diversité biologique des terres arides,
des régions méditerranéennes, des zones arides, semi -arides, des
prairies et des savanes;
4.1.2 Diversité biologique agricole : évaluation des activités
entreprises et priorités d'un éventuel programme de travail;
4.2 Questions multisectorielles :
4.2.1 Approche par écosystème : poursuite de l'élaboration conceptuelle;
4.2.2 Etablissement d'indicateurs de la diversité biologique;
4.2.3 Utilisation durable des éléments constitutifs de la diversité
biologique : identification des activités sectorielles qui
pourraient se fonder sur des pratiques et des technologies
respectueuses de la diversité biologique.
4.3 Mécanisme d'application :
4.3.1 Etablissement de lignes directrices pour les deuxièmes rapports
nationaux, y compris d'indicateurs et de mesures d'incitation;
4.3.2 Mandat des groupes spéciaux d'experts techniques et fichiers
d'experts et proposition de méthode uniformisée pour leur
utilisation.
5. Projet d'ordre du jour provisoire de la sixième réunion de l'Organe subsidiaire.
6. Dates et lieu de la sixième réunion de l'Organe subsidiaire.
7. Questions diverses.
8. Adoption du rapport.
9. Clôture de la réunion.
______________________
1/ Organisation Mondiale du Tourisme, Tourism Highlights 1997.
2/ Rapport du Secrétaire Général sur le tourisme et le développement durable,
Additif : Tourisme et développement économique, Commission du développement durable,
septième session, janvier 1999 (Exemplaire préalable non révisé).
3/ Ibid.
4/ Jeffrey McNeely, "Tourism and Biodiversity: a natural partnership",
présenté au Symposium sur le tourisme et la diversité biologique, Utrecht, 17 avril 1997. Tourisme et Diversité Biologique: un partenariat naturel.
5/ Rapport du Secrétaire Général sur le tourisme et le développement durable, Additif : Tourisme et développement économique, Commission du développement durable, septième session, janvier 1999 (Exemplaire préalable non révisé).
6/ Diversité biologique et tourisme : conflits concernant les zones côtières et stratégies pour les résoudre, Agence fédérale allemande pour la nature et la conservation, 1997.
7/ Ibid.
8/ Ibid.
9/ Rapport du Secrétaire Général sur le développement du tourisme durable
dans les petits Etats insulaires en développement (E/CN.17/1996/20/Add.3), présenté
à la Commission du développement durable, à sa quatrième session, tenue en 1996.
10/ Tourism, ecotourism and protected areas, Hector Ceballos -Lascurain, IUCN,
1996. Tourisme, écotourisme et zones protégées.
11/ Diversité biologique et tourisme : Conflits sur les zones côtières du monde
et stratégies pour les résoudre, Agence fédérale allemande pour la nature et la
conservation, 1997.
12/ Pour plus de détails, voir l'additif d u rapport du Secrétaire Général sur
le tourisme et le développement durable intitulé "Tourisme et développement social",
présenté à la Commission du développement durable, à sa septième session, tenue en
1999.
13/ Tourisme et environnement - Études de cas à Goa, en Inde et dans les Maldives.
Auteurs : Kalidas Sawkar, Ligia Noronha, Antonio Mascarenhas, O.S. Chauhan et Simad
Saeed. Institut de développement économique de la Banque mondiale, 1998.
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