Sections retirées:
Diversité biologique des terres sèches, méditérranéennes, arides,
sémi-arides, d'herbages et de savane : Options pour
l'élaboration d'un programme de travail
L'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques
et technologiques,
Recommande que la Conférence des Parties à sa cinquième réunion :
1. Etablisse un programme de travail sur la diversité biologique des terres
sèches, méditérranéennes, arides, semi-arides, d'herbages, et de savane, qui
pourrait également être dénommé "programme relatif aux terres sèches et
sub-humides" en tenant compte des étroits rapports existants entre la pauvreté
et l'appauvrissement de la biodiversité de ces régions;
2. Approuve la première phase du programme de travail figurant dans l'annexe
à la présente recommandation et invite instamment les Parties, les pays, les
organisations internationales et régionales, les principaux groupes et autres
organes compétents à mettre en oeuvre ce programme de travail;
3. Envisage la nécessité de fournir le soutien financier nécessaire,
conformément aux articles 20 et 21 de la Convention, aux activités visant
l'exécution du programme de travail ainsi qu'au développement des capacités;
4. Demande à l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques,
techniques et technologiques d'examiner et d'évaluer périodiquement (une première
fois après deux ans, et par la suite tous les quatre ans) l'état de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides et son évolution, en se basant sur
le résultat des activités du programme de travail, et de faire des recommandations
pour l'élaboration des phases suivantes du programme de travail, selon qu'il
convient;
5. Demande au Secrétaire exécutif de collaborer avec le Secrétariat de la
Convention sur la lutte contre la désertification, notamment en mettant en oeuvre
un programme de travail conjoint, ainsi qu'avec d'autres organes compétents, lors
de la mise en oeuvre et de l'élaboration future du programme de travail;
6. Prie le Secrétaire exécutif d'établir un fichier d'experts sur la
diversité biologique des terres sèches et sub-humides et d'envisager la
possibilité de constituer un groupe spécial d'experts techniques qui serait chargé
d'évaluer l'appauvrissement de la diversité biologique de ces terres;
7. Prie le Secrétaire exécutif de faire circuler l'information utile sur
la diversité biologique des terres sèches et sub-humides par divers moyens, y
compris par l'intermédiaire du Centre d'échange, et notamment de constituer une
base de données sur les terres sèches;
Annexe
PROJET DE PROGRAMME DE TRAVAIL SUR LES TERRES SECHES ET SUB-HUMIDES
I. INTRODUCTION
1. Le but général du programme de travail est de favoriser la mise en oeuvre
des trois objectifs de la Convention dans le domaine de la diversité biologique
des terres sèches et sub-humides.
2. Il conviendrait d'élaborer et d'exécuter le programme de travail en :
a) Se fondant sur les connaissances actuelles, les activités en cours
et les méthodes de gestion appropriées, et en encourageant une action concertée
visant à combler les lacunes dans les connaissances tout en appuyant les meilleures
pratiques de gestion par le biais de partenariats entre les pays et les
institutions;
b) Assurant la compatibilité du programme de travail avec d'autres
programmes thématiques pertinents entrepris au titre de la Convention, ainsi
qu'avec les travaux sur des questions multisectorielles;
c) Favorisant la synergie et la coordination et en évitant tout
chevauchement superflu avec les conventions pertinentes, notamment la Convention
sur la lutte contre la désertification, et avec les programmes des diverses
organisations internationales, tout en respectant les mandats et les programmes
de travail en cours de chaque organisation, ainsi que l'autorité
intergouvernementale des organes directeurs respectifs;
d) Encourageant la participation effective des parties prenantes, y
compris la définition des priorités en matière de planification et de recherche,
de suivi et d'évaluation des recherches;
e) Répondant aux priorités nationales en menant des activités
déterminées avec souplesse et en fonction de la demande;
f) Appuyant la mise en place de stratégies et de programmes nationaux
et en encourageant l'intégration des considérations relatives à la diversité
biologique dans les plans, politiques et programmes sectoriels et multisectoriels,
en application de l'Article 6 de la Convention, en recherchant l'harmonisation
et en évitant les doubles emplois lorsque sont entreprises des activités
intéressant d'autres conventions connexes, en particulier la Convention des
Nations Unies sur la lutte contre la désertification.
3. L'élaboration et la mise en oeuvre du programme de travail devraient viser
l'application de l'approche écosystémique adoptée dans le cadre de la Convention.
Pour la mise en oeuvre du programme de travail on s'inspirera aussi des
connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales,
conformément à l'article 8 j) de la Convention.
II. PROGRAMME DE TRAVAIL PROPOSE
4. Le programme de travail proposé est divisé en deux parties : "Évaluations"
et "Mesures ciblées en réponse à des besoins identifiés", qui seront mises en
oeuvre parallèlement. Les connaissances acquises grâce aux évaluation serviront
à guider les interventions nécessaires, tandis que les enseignements tirés des
activités viendront enrichir les évaluations.
Partie A: Evaluations
Objectifs opérationnels
5. Recueillir des informations sur l'état de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides et sur les pressions qui s'y exercent et les analyser;
diffuser les connaissances existantes et les meilleures pratiques en vigueur,
et combler les lacunes en matière de connaissances, afin de définir les activités
qu'il convient d'entreprendre.
Justification
6. D'une façon générale, les écosystèmes des terres sèches et sub-humides sont
naturellement très dynamiques. C'est pourquoi il est particulièrement difficile
de déterminer l'état et l'évolution de leur diversité biologique. Il convient
donc d'acquérir une meilleure compréhension de cette diversité biologique, de
sa dynamique, de sa valeur socio-économique et des conséquences qu'entraînerait
sa perte ou sa modification. A cet effet, il faudrait aussi comparer les avantages
d'une gestion souple à court terme par rapport aux avantages d'une gestion
planifiée à long terme. Ceci ne devrait toutefois pas être considéré comme une
condition préalable à l'adoption de mesures ciblées visant la conservation et
l'utilisation durable de la diversité biologique de ces terres. De fait, les
leçons tirées de la pratique, notamment des pratiques autochtones, enrichissent
le fonds de connaissances.
Activités
Activité no. 1. Evaluation de l'état et de l'évolution de la diversité
des terres sèches et sub-humides, y compris des variétés naturelles, ainsi que
de l'efficacité des mesures de conservation.
Activité no. 2. Identification de zones spécifiques, à l'intérieur
des terres sèches et sub-humides, qui présentent une valeur particulière pour
la diversité biologique, ou qui font l'objet de menaces particulières, comme par
exemple les espèces endémiques et les basses terres humides, en fonction des
critères indiqués dans l'annexe I à laConvention sur la diversité biologique.
Activité no. 3. Établissement d'indicateurs de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides et de son appauvrissement, afin d'en
déterminer l'état et l'évolution.
Activité no. 4. Développement des connaissances sur les processus
écologiques, physiques et sociaux qui influent sur la diversité biologique des
terres sèches et sub-humides, notamment la structure et le fonctionnement des
écosystèmes (pâturage, sécheresse, inondations, incendies, tourisme, mise en
culture ou abandon).
Activité no. 5. Identification des avantages tirés de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides à l'échelle locale et mondiale, et
évaluation des incidences socio-économiques qui résulteraient de son
appauvrissement.
Activité no. 6. Identification et vulgarisation des meilleures
pratiques de gestion, notamment les connaissances et les pratiques des communautés
locales et autochtones qui peuvent être reproduites de façon générale.
Moyens
7. Les activités ci-dessus (partie A) seront mises en oeuvre par les moyens
suivants:
a) Regroupement des informations recuellies par diverses sources
existantes, notamment au titre de la Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification et d'autres conventions internationales, par les
Systèmes mondiaux d'observation et d'autres programmes. Les travaux en cours
des programmes existants seront mis à contribution, ainsi que d'autres activités
catalytiques telles que des ateliers, il sera fait un plus grand usage du Centre
d'échange de la Convention sur la diversité biologique, et des partenariats entre
organisations, y compris s'il y a lieu, les activités conjointes des secrétariats
de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations Unies
sur la lutte contre la désertification.
b) Recherches ciblées, y compris dans le cadre des programmes existants
des centres nationaux et internationaux de recherche, ainsi que d'autres
programmes régionaux et internationaux pertinents, prévoyant des fonds
supplémentaires pour les activités prioritaires requises pour surmonter les
obstacles qui s'opposent à la conservation et à l'utilisation durable de la
diversité biologique des terres sèches et sub-humides;
c) Etudes de cas sur les pratiques de gestion, réalisées principalement
par des institutions nationales et régionales, y compris des organisations de
la société civile et des instituts de recherche, avec l'appui d'organisations
internationales, pour favoriser la réalisation d'études, mobiliser des fonds,
diffuser les résultats des études et faciliter l'information en retour au profit
des responsables des études de cas et des décideurs. De nouvelles ressources
pourraient être nécessaires pour faciliter de telles études, en analyser les
résultats et assurer le renforcement des capacités et le développement des
ressources humaines requises.
d) Diffusion de l'information et développement des capacités requises
pour les évaluations.
Partie B: Mesures ciblées pour répondre aux besoins identifiés
Objectif opérationnel
8.Promouvoir la conservation et l'utilisation durable de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides, l'utilisation durable de ses
éléments constitutifs et le partage juste et équitable des avantages découlant
de l'utilisation de ses ressources génétiques; combattre l'appauvrissement
de la diversité biologique dans les terres sèches et sub-humides et ses
conséquences socio-économiques.
Justification
9.Les activités qui seront nécessaires pour promouvoir la conservation et
l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides dépendront de l'état des ressources de ces terres et de la nature
des menaces. Il conviendra donc d'envisager une gamme de solutions, allant
de l'utilisation durable à la conservation in situ et ex situ.
10. De nombreuses ressources des terres sèches et sub-humides doivent être
gérées au niveau des bassins hydrographiques ou à des niveaux topographiques
plus élevés, ce qui appelle une gestion communautaire ou intercommunautaire
plutôt qu'une gestion individuelle. Cette situation est compliquée par la
présence de nombreux groupes d'utilisateurs de la diversité biologique
(agriculteurs, pasteurs et pêcheurs), les comportements migrateurs de certaines
espèces animales et la pratique du nomadisme. Il convient de mettre sur pied
ou de renforcer les institutions pour assurer la gestion de la diversité
biologique à l'échelle appropriée et pour résoudre les conflits.
11. L'utilisation durable de la diversité biologique dans les terres sèches
et sub-humides exigera peut-être l'adoption de nouveaux moyens de subsistance
et la création de marchés et d'autres mesures d'incitation pour permettre et
favoriser l'utilisation responsable de ces terres.
Activités
Activité no. 7. Promotion de mesures particulières pour la conservation
et l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides, incluant entre autres les mesures suivantes:
a) Création de nouvelles zones protégées et adoption d'autres mesures
précises pour la conservation de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, y compris le renforcement des mesures déjà en vigueur dans
des zones protégées existantes; investissements pour la conception et la
promotion de moyens de subsistance durables, y compris de nouveaux moyens de
subsistance, et l'adoption de mesures de conservation;
b) Régénération et reconstitution de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides dégradées;
c) Contrôle des espèces exotiques envahissantes;
d) Gestion durable des systèmes de production des terres sèches et
sub-humides;
e) S'il y a lieu, conservation in situ et ex situ, cette dernière
complétant la conservation in situ, de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, en tenant compte d'une meilleure compréhension de la variabilité
du climat, pour élaborer des stratégies efficaces de conservation de la
diversité biologique in situ;
f) Evaluation économique de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, mise au point et utilisation d'instruments économiques,
adoption de nouvelles techniques ayant pour but d'augmenter la productivité
des écosystèmes des terres sèches et sub-humides;
g) Exploitation durable de la biomasse végétale et adoption de modes
appropriés d'élevage des animaux, compte tenu de leurs possibilités et de leurs
limites naturelles ainsi que des facteurs socio-économiques, et instauration
d'un pastoralisme viable;
h) Lancement et développement de programmes d'éducation et de
sensibilisation,
i) Amélioration de la disponibilité, de l'accessibilité et de l'échange
des informations sur l'utilisation durable de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides,
j) Lancement et développement de programmes de recherche-développement
visant notamment à développer les capacités locales en vue d'une conservation
et d'une utilisation durables et efficaces de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides,
k) Développement de la coopération avec la Convention relative aux zones
humides d'importance internationale, en particulier comme habitats de la
sauvagine (Convention de Ramsar) et de la Convention sur les espèces migratrices
appartenant à la faune sauvage (CMS), en vue notamment de créer des couloirs
d'espèces migratrices à travers les terres sèches et sub-humides durant
certaines saisons, ainsi qu'avec la Convention sur le commerce international
des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) pour
protéger les espèces rares et menacées des terres sèches et sub-humides,
l) Coopération avec toutes les conventions pertinentes, en particulier
la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification,
s'agissant notamment de l'utilisation durable de la diversité biologique des
terres sèches et sub-humides, de l'approche écosystémique, de l'étude de l'état
et de l'évolution de la diversité biologique et des dangers qui la menacent.
Activité no. 8. Favoriser une gestion responsable des ressources,
aux niveaux appropriés, fondée sur l'approche écosystémique, dans un cadre
politique propice, consistant, entre autres en:
a) La décentralisation de la gestion jusqu'au niveau le plus bas possible,
en gardant à l'esprit la nécessité d'une gestion commune des ressources, et
en veillant dûment à faire participer les communautés locales et autochtones
à la planification et à la gestion des projets;
b) La création ou renforcement d'institutions compétentes pour
l'exploitation des terres et la résolution des conflits;
c) La promotion de la coopération bilatérale et sous-régionale pour
traiter des questions transfrontières de parcours transfrontières).
d) L'harmonisation des politiques et instruments sectoriels pour
promouvoir la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique
des terres sèches et sub-humides, en tirant parti notamment des programmes
d'action nationaux relevant de la Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification à l'échelle nationale et, selon qu'il convient,
d'autres plans et politiques sectoriels pertinents.
Activité no. 9. Appui aux moyens de subsistance fondés sur
l'utilisation durable, entre autres par les moyens suivants:
a) Diversification des sources de revenus afin d'alléger les
pressions négatives qui s'exercent sur la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides;
b) Promotion de modes d'exploitation et d'élevage intensif viables;
c) Etude de nouvelles formes d'exploitation viable de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides permettant la création de revenus
à l'échelle locale, et généralisation de leur application;
d) Mise en place de marchés locaux pour les produits provenant de
l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides, afin de donner plus de valeur aux produits récoltés;
e) Promotion d'un partage juste et équitable des avantages découlant
de l'utilisation des ressources génétiques des terres sèches et sub-humides,
y compris la bioprospection.
Moyens
Les activités ci-dessus (partie B) seront menées à bien en procédant comme
suit :
a) Renforcement des capacités, en particulier aux nivaux national
et local, et investissements dans la conception et la promotion de modes de
subsistance viables, y compris de nouveaux modes de subsistance, ainsi que
dans les mesures de conservation, dans le cadre de mécanismes participatifs
de type ascendant, bénéficiant d'un financement bilatéral et multilatéral et
de l'appui catalytique d'organisations internationales;
b) Mise en place d'un réseau international de sites expérimentaux
pour faciliter le partage de l'information et de l'expérience en vue de mettre
en oeuvre le programme de travail, ainsi que pour démontrer comment appliquer
la conservation et l'utilisation durable aux terres sèches et sub-humides et
encourager cette pratique;
c) Réalisation d'études de cas sur la gestion réussie des terres
sèches et sub-humides qui pourraient être diffusées, notamment par le biais
du Centre d'échange;
d) Amélioration de la consultation, de la coordination et du partage
de l'information, y compris de la documentation sur les connaissances et
pratiques des communautés locales et autochtones, à l'intérieur des pays, entre
les correspondants nationaux et les institutions qui participent à la mise
en oeuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la
désertification, la Convention sur la diversité biologique et d'autres
conventions et programmes mondiaux pertinents, avec le concours des
secrétariats de ces diverses conventions et d'autres organisations
internationales;
e) Renforcement de l'interaction entre les programmes de travail
de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification, par l'intermédiaire, entre autres,
des réseaux régionaux et de leurs plans d'action;
f) Constitution de partenariats entre tous les intéressés, à tous
les niveaux, y compris les organisations et programmes internationaux et les
partenaires, scientifiques et utilisateurs des terres à l'échelon local et
international.
III. RAPPORTS
12. Il est proposé que le Parties et les autres organismes soient invités
à faire rapport sur la mise en oeuvre du programme de travail au moyen :
a) Des sections pertinentes des rapports nationaux sur la diversité
biologique, destinés à la Conférence des Parties conformément à l'article 26 de la Convention sur la diversité biologique;
b) De rapports établis au titre de la Convention des Nations Unies sur
la lutte contre la désertification et d'autres conventions pertinentes, en
veillant notamment à encourager l'harmonisation, à éviter les doubles emplois
et à faire preuve d'une plus grande la transparence.
13. Il est proposé que l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis
scientifiques, techniques et technologiques examine ces rapports à l'issue
d'un délai de deux ans, et qu'il formule alors des recommandations en vue de
l'élaboration de phases ultérieures du programme de travail. Il est proposé
qu'ensuite les rapports sur la mise en oeuvre du programme soient examinés
tous les quatre ans.
Diversité biologique des terres sèches, méditérranéennes, arides,
sémi-arides, d'herbages et de savane : Options pour
l'élaboration d'un programme de travail
L'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques
et technologiques,
Recommande que la Conférence des Parties à sa cinquième réunion :
1. Etablisse un programme de travail sur la diversité biologique des terres
sèches, méditérranéennes, arides, semi-arides, d'herbages, et de savane, qui
pourrait également être dénommé "programme relatif aux terres sèches et
sub-humides" en tenant compte des étroits rapports existants entre la pauvreté
et l'appauvrissement de la biodiversité de ces régions;
2. Approuve la première phase du programme de travail figurant dans l'annexe
à la présente recommandation et invite instamment les Parties, les pays, les
organisations internationales et régionales, les principaux groupes et autres
organes compétents à mettre en oeuvre ce programme de travail;
3. Envisage la nécessité de fournir le soutien financier nécessaire,
conformément aux articles 20 et 21 de la Convention, aux activités visant
l'exécution du programme de travail ainsi qu'au développement des capacités;
4. Demande à l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques,
techniques et technologiques d'examiner et d'évaluer périodiquement (une première
fois après deux ans, et par la suite tous les quatre ans) l'état de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides et son évolution, en se basant sur
le résultat des activités du programme de travail, et de faire des recommandations
pour l'élaboration des phases suivantes du programme de travail, selon qu'il
convient;
5. Demande au Secrétaire exécutif de collaborer avec le Secrétariat de la
Convention sur la lutte contre la désertification, notamment en mettant en oeuvre
un programme de travail conjoint, ainsi qu'avec d'autres organes compétents, lors
de la mise en oeuvre et de l'élaboration future du programme de travail;
6. Prie le Secrétaire exécutif d'établir un fichier d'experts sur la
diversité biologique des terres sèches et sub-humides et d'envisager la
possibilité de constituer un groupe spécial d'experts techniques qui serait chargé
d'évaluer l'appauvrissement de la diversité biologique de ces terres;
7. Prie le Secrétaire exécutif de faire circuler l'information utile sur
la diversité biologique des terres sèches et sub-humides par divers moyens, y
compris par l'intermédiaire du Centre d'échange, et notamment de constituer une
base de données sur les terres sèches;
Annexe
PROJET DE PROGRAMME DE TRAVAIL SUR LES TERRES SECHES ET SUB-HUMIDES
I. INTRODUCTION
1. Le but général du programme de travail est de favoriser la mise en oeuvre
des trois objectifs de la Convention dans le domaine de la diversité biologique
des terres sèches et sub-humides.
2. Il conviendrait d'élaborer et d'exécuter le programme de travail en :
a) Se fondant sur les connaissances actuelles, les activités en cours
et les méthodes de gestion appropriées, et en encourageant une action concertée
visant à combler les lacunes dans les connaissances tout en appuyant les meilleures
pratiques de gestion par le biais de partenariats entre les pays et les
institutions;
b) Assurant la compatibilité du programme de travail avec d'autres
programmes thématiques pertinents entrepris au titre de la Convention, ainsi
qu'avec les travaux sur des questions multisectorielles;
c) Favorisant la synergie et la coordination et en évitant tout
chevauchement superflu avec les conventions pertinentes, notamment la Convention
sur la lutte contre la désertification, et avec les programmes des diverses
organisations internationales, tout en respectant les mandats et les programmes
de travail en cours de chaque organisation, ainsi que l'autorité
intergouvernementale des organes directeurs respectifs;
d) Encourageant la participation effective des parties prenantes, y
compris la définition des priorités en matière de planification et de recherche,
de suivi et d'évaluation des recherches;
e) Répondant aux priorités nationales en menant des activités
déterminées avec souplesse et en fonction de la demande;
f) Appuyant la mise en place de stratégies et de programmes nationaux
et en encourageant l'intégration des considérations relatives à la diversité
biologique dans les plans, politiques et programmes sectoriels et multisectoriels,
en application de l'Article 6 de la Convention, en recherchant l'harmonisation
et en évitant les doubles emplois lorsque sont entreprises des activités
intéressant d'autres conventions connexes, en particulier la Convention des
Nations Unies sur la lutte contre la désertification.
3. L'élaboration et la mise en oeuvre du programme de travail devraient viser
l'application de l'approche écosystémique adoptée dans le cadre de la Convention.
Pour la mise en oeuvre du programme de travail on s'inspirera aussi des
connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales,
conformément à l'article 8 j) de la Convention.
II. PROGRAMME DE TRAVAIL PROPOSE
4. Le programme de travail proposé est divisé en deux parties : "Évaluations"
et "Mesures ciblées en réponse à des besoins identifiés", qui seront mises en
oeuvre parallèlement. Les connaissances acquises grâce aux évaluation serviront
à guider les interventions nécessaires, tandis que les enseignements tirés des
activités viendront enrichir les évaluations.
Partie A: Evaluations
Objectifs opérationnels
5. Recueillir des informations sur l'état de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides et sur les pressions qui s'y exercent et les analyser;
diffuser les connaissances existantes et les meilleures pratiques en vigueur,
et combler les lacunes en matière de connaissances, afin de définir les activités
qu'il convient d'entreprendre.
Justification
6. D'une façon générale, les écosystèmes des terres sèches et sub-humides sont
naturellement très dynamiques. C'est pourquoi il est particulièrement difficile
de déterminer l'état et l'évolution de leur diversité biologique. Il convient
donc d'acquérir une meilleure compréhension de cette diversité biologique, de
sa dynamique, de sa valeur socio-économique et des conséquences qu'entraînerait
sa perte ou sa modification. A cet effet, il faudrait aussi comparer les avantages
d'une gestion souple à court terme par rapport aux avantages d'une gestion
planifiée à long terme. Ceci ne devrait toutefois pas être considéré comme une
condition préalable à l'adoption de mesures ciblées visant la conservation et
l'utilisation durable de la diversité biologique de ces terres. De fait, les
leçons tirées de la pratique, notamment des pratiques autochtones, enrichissent
le fonds de connaissances.
Activités
Activité no. 1. Evaluation de l'état et de l'évolution de la diversité
des terres sèches et sub-humides, y compris des variétés naturelles, ainsi que
de l'efficacité des mesures de conservation.
Activité no. 2. Identification de zones spécifiques, à l'intérieur
des terres sèches et sub-humides, qui présentent une valeur particulière pour
la diversité biologique, ou qui font l'objet de menaces particulières, comme par
exemple les espèces endémiques et les basses terres humides, en fonction des
critères indiqués dans l'annexe I à laConvention sur la diversité biologique.
Activité no. 3. Établissement d'indicateurs de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides et de son appauvrissement, afin d'en
déterminer l'état et l'évolution.
Activité no. 4. Développement des connaissances sur les processus
écologiques, physiques et sociaux qui influent sur la diversité biologique des
terres sèches et sub-humides, notamment la structure et le fonctionnement des
écosystèmes (pâturage, sécheresse, inondations, incendies, tourisme, mise en
culture ou abandon).
Activité no. 5. Identification des avantages tirés de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides à l'échelle locale et mondiale, et
évaluation des incidences socio-économiques qui résulteraient de son
appauvrissement.
Activité no. 6. Identification et vulgarisation des meilleures
pratiques de gestion, notamment les connaissances et les pratiques des communautés
locales et autochtones qui peuvent être reproduites de façon générale.
Moyens
7. Les activités ci-dessus (partie A) seront mises en oeuvre par les moyens
suivants:
a) Regroupement des informations recuellies par diverses sources
existantes, notamment au titre de la Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification et d'autres conventions internationales, par les
Systèmes mondiaux d'observation et d'autres programmes. Les travaux en cours
des programmes existants seront mis à contribution, ainsi que d'autres activités
catalytiques telles que des ateliers, il sera fait un plus grand usage du Centre
d'échange de la Convention sur la diversité biologique, et des partenariats entre
organisations, y compris s'il y a lieu, les activités conjointes des secrétariats
de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations Unies
sur la lutte contre la désertification.
b) Recherches ciblées, y compris dans le cadre des programmes existants
des centres nationaux et internationaux de recherche, ainsi que d'autres
programmes régionaux et internationaux pertinents, prévoyant des fonds
supplémentaires pour les activités prioritaires requises pour surmonter les
obstacles qui s'opposent à la conservation et à l'utilisation durable de la
diversité biologique des terres sèches et sub-humides;
c) Etudes de cas sur les pratiques de gestion, réalisées principalement
par des institutions nationales et régionales, y compris des organisations de
la société civile et des instituts de recherche, avec l'appui d'organisations
internationales, pour favoriser la réalisation d'études, mobiliser des fonds,
diffuser les résultats des études et faciliter l'information en retour au profit
des responsables des études de cas et des décideurs. De nouvelles ressources
pourraient être nécessaires pour faciliter de telles études, en analyser les
résultats et assurer le renforcement des capacités et le développement des
ressources humaines requises.
d) Diffusion de l'information et développement des capacités requises
pour les évaluations.
Partie B: Mesures ciblées pour répondre aux besoins identifiés
Objectif opérationnel
8.Promouvoir la conservation et l'utilisation durable de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides, l'utilisation durable de ses
éléments constitutifs et le partage juste et équitable des avantages découlant
de l'utilisation de ses ressources génétiques; combattre l'appauvrissement
de la diversité biologique dans les terres sèches et sub-humides et ses
conséquences socio-économiques.
Justification
9.Les activités qui seront nécessaires pour promouvoir la conservation et
l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides dépendront de l'état des ressources de ces terres et de la nature
des menaces. Il conviendra donc d'envisager une gamme de solutions, allant
de l'utilisation durable à la conservation in situ et ex situ.
10. De nombreuses ressources des terres sèches et sub-humides doivent être
gérées au niveau des bassins hydrographiques ou à des niveaux topographiques
plus élevés, ce qui appelle une gestion communautaire ou intercommunautaire
plutôt qu'une gestion individuelle. Cette situation est compliquée par la
présence de nombreux groupes d'utilisateurs de la diversité biologique
(agriculteurs, pasteurs et pêcheurs), les comportements migrateurs de certaines
espèces animales et la pratique du nomadisme. Il convient de mettre sur pied
ou de renforcer les institutions pour assurer la gestion de la diversité
biologique à l'échelle appropriée et pour résoudre les conflits.
11. L'utilisation durable de la diversité biologique dans les terres sèches
et sub-humides exigera peut-être l'adoption de nouveaux moyens de subsistance
et la création de marchés et d'autres mesures d'incitation pour permettre et
favoriser l'utilisation responsable de ces terres.
Activités
Activité no. 7. Promotion de mesures particulières pour la conservation
et l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides, incluant entre autres les mesures suivantes:
a) Création de nouvelles zones protégées et adoption d'autres mesures
précises pour la conservation de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, y compris le renforcement des mesures déjà en vigueur dans
des zones protégées existantes; investissements pour la conception et la
promotion de moyens de subsistance durables, y compris de nouveaux moyens de
subsistance, et l'adoption de mesures de conservation;
b) Régénération et reconstitution de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides dégradées;
c) Contrôle des espèces exotiques envahissantes;
d) Gestion durable des systèmes de production des terres sèches et
sub-humides;
e) S'il y a lieu, conservation in situ et ex situ, cette dernière
complétant la conservation in situ, de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, en tenant compte d'une meilleure compréhension de la variabilité
du climat, pour élaborer des stratégies efficaces de conservation de la
diversité biologique in situ;
f) Evaluation économique de la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides, mise au point et utilisation d'instruments économiques,
adoption de nouvelles techniques ayant pour but d'augmenter la productivité
des écosystèmes des terres sèches et sub-humides;
g) Exploitation durable de la biomasse végétale et adoption de modes
appropriés d'élevage des animaux, compte tenu de leurs possibilités et de leurs
limites naturelles ainsi que des facteurs socio-économiques, et instauration
d'un pastoralisme viable;
h) Lancement et développement de programmes d'éducation et de
sensibilisation,
i) Amélioration de la disponibilité, de l'accessibilité et de l'échange
des informations sur l'utilisation durable de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides,
j) Lancement et développement de programmes de recherche-développement
visant notamment à développer les capacités locales en vue d'une conservation
et d'une utilisation durables et efficaces de la diversité biologique des terres
sèches et sub-humides,
k) Développement de la coopération avec la Convention relative aux zones
humides d'importance internationale, en particulier comme habitats de la
sauvagine (Convention de Ramsar) et de la Convention sur les espèces migratrices
appartenant à la faune sauvage (CMS), en vue notamment de créer des couloirs
d'espèces migratrices à travers les terres sèches et sub-humides durant
certaines saisons, ainsi qu'avec la Convention sur le commerce international
des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) pour
protéger les espèces rares et menacées des terres sèches et sub-humides,
l) Coopération avec toutes les conventions pertinentes, en particulier
la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification,
s'agissant notamment de l'utilisation durable de la diversité biologique des
terres sèches et sub-humides, de l'approche écosystémique, de l'étude de l'état
et de l'évolution de la diversité biologique et des dangers qui la menacent.
Activité no. 8. Favoriser une gestion responsable des ressources,
aux niveaux appropriés, fondée sur l'approche écosystémique, dans un cadre
politique propice, consistant, entre autres en:
a) La décentralisation de la gestion jusqu'au niveau le plus bas possible,
en gardant à l'esprit la nécessité d'une gestion commune des ressources, et
en veillant dûment à faire participer les communautés locales et autochtones
à la planification et à la gestion des projets;
b) La création ou renforcement d'institutions compétentes pour
l'exploitation des terres et la résolution des conflits;
c) La promotion de la coopération bilatérale et sous-régionale pour
traiter des questions transfrontières de parcours transfrontières).
d) L'harmonisation des politiques et instruments sectoriels pour
promouvoir la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique
des terres sèches et sub-humides, en tirant parti notamment des programmes
d'action nationaux relevant de la Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification à l'échelle nationale et, selon qu'il convient,
d'autres plans et politiques sectoriels pertinents.
Activité no. 9. Appui aux moyens de subsistance fondés sur
l'utilisation durable, entre autres par les moyens suivants:
a) Diversification des sources de revenus afin d'alléger les
pressions négatives qui s'exercent sur la diversité biologique des terres sèches
et sub-humides;
b) Promotion de modes d'exploitation et d'élevage intensif viables;
c) Etude de nouvelles formes d'exploitation viable de la diversité
biologique des terres sèches et sub-humides permettant la création de revenus
à l'échelle locale, et généralisation de leur application;
d) Mise en place de marchés locaux pour les produits provenant de
l'utilisation durable de la diversité biologique des terres sèches et
sub-humides, afin de donner plus de valeur aux produits récoltés;
e) Promotion d'un partage juste et équitable des avantages découlant
de l'utilisation des ressources génétiques des terres sèches et sub-humides,
y compris la bioprospection.
Moyens
Les activités ci-dessus (partie B) seront menées à bien en procédant comme
suit :
a) Renforcement des capacités, en particulier aux nivaux national
et local, et investissements dans la conception et la promotion de modes de
subsistance viables, y compris de nouveaux modes de subsistance, ainsi que
dans les mesures de conservation, dans le cadre de mécanismes participatifs
de type ascendant, bénéficiant d'un financement bilatéral et multilatéral et
de l'appui catalytique d'organisations internationales;
b) Mise en place d'un réseau international de sites expérimentaux
pour faciliter le partage de l'information et de l'expérience en vue de mettre
en oeuvre le programme de travail, ainsi que pour démontrer comment appliquer
la conservation et l'utilisation durable aux terres sèches et sub-humides et
encourager cette pratique;
c) Réalisation d'études de cas sur la gestion réussie des terres
sèches et sub-humides qui pourraient être diffusées, notamment par le biais
du Centre d'échange;
d) Amélioration de la consultation, de la coordination et du partage
de l'information, y compris de la documentation sur les connaissances et
pratiques des communautés locales et autochtones, à l'intérieur des pays, entre
les correspondants nationaux et les institutions qui participent à la mise
en oeuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la
désertification, la Convention sur la diversité biologique et d'autres
conventions et programmes mondiaux pertinents, avec le concours des
secrétariats de ces diverses conventions et d'autres organisations
internationales;
e) Renforcement de l'interaction entre les programmes de travail
de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification, par l'intermédiaire, entre autres,
des réseaux régionaux et de leurs plans d'action;
f) Constitution de partenariats entre tous les intéressés, à tous
les niveaux, y compris les organisations et programmes internationaux et les
partenaires, scientifiques et utilisateurs des terres à l'échelon local et
international.
III. RAPPORTS
12. Il est proposé que le Parties et les autres organismes soient invités
à faire rapport sur la mise en oeuvre du programme de travail au moyen :
a) Des sections pertinentes des rapports nationaux sur la diversité
biologique, destinés à la Conférence des Parties conformément à l'article 26 de la Convention sur la diversité biologique;
b) De rapports établis au titre de la Convention des Nations Unies sur
la lutte contre la désertification et d'autres conventions pertinentes, en
veillant notamment à encourager l'harmonisation, à éviter les doubles emplois
et à faire preuve d'une plus grande la transparence.
13. Il est proposé que l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis
scientifiques, techniques et technologiques examine ces rapports à l'issue
d'un délai de deux ans, et qu'il formule alors des recommandations en vue de
l'élaboration de phases ultérieures du programme de travail. Il est proposé
qu'ensuite les rapports sur la mise en oeuvre du programme soient examinés
tous les quatre ans.