Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, incluant les Objectifs d'Aichi pour la biodiversité

OBJECTIF 15 - Justificatif technique élargi (fourni dans le document COP/10/INF/12/Rev.1)

But stratégique D : Renforcer les avantages retirés pour tous de la diversité biologique et des services fournis par les écosystèmes

Objectif 15 : D’ici à 2020, la résilience des écosystèmes et la contribution de la diversité biologique au stocks de carbone sont améliorées, grâce aux mesures de conservation et restauration, y compris la restauration d’au moins 15% des écosystèmes dégradés, contribuant ainsi à l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, ainsi qu’à la lutte contre la désertification.

Justificatif technique : La conservation, la restauration et la gestion durable des forêts, des sols (en particulier les tourbières), des zones humides d'eau douce et côtières et de d'autres écosystèmes représentent des moyens éprouvés, rentables, sûrs et immédiatement disponibles pour séquestrer le dioxyde de carbone et prévenir la perte d'autres gaz à effet de serre.50,51 La déforestation, le drainage des zones humides et d'autres changements au sein des habitats peuvent mener à l'émission de dioxyde de carbone, de méthane et de d'autres gaz à effet de serre. Par exemple, le monde perd environ 13 millions d'hectares de forêts par année, dont 6 millions d'hectares de forêts primaires et, par le fait même, la biodiversité est réduite, des gaz à effet de serre sont libérés et les moyens de subsistance de millions de personnes, y compris les peuples autochtones et les communautés locales, sont menacés.52 Cependant, dans de nombreux pays, les paysages dégradés représentent une immense opportunité à la fois pour la restauration de la biodiversité et la séquestration du carbone. Par exemple, le World Resources Institute (WRI) et l'UICN ont récemment estimé le potentiel global de restauration du paysage forestier à 1 milliard d'hectares, soit environ 25 pour cent de la superficie forestière mondiale actuelle. De récentes analyses scientifiques indiquent que le potentiel de la biodiversité de la forêt secondaire restaurée est considérable.53,54 La restauration des paysages forestiers, incluant les tourbières tropicales riches en carbone, aurait également des co-avantages pour l'atténuation et l'adaptation aux changements climatiques. L'analyse préliminaire indique que, d'ici à 2030, la restauration des terres forestières dégradées apportera la même contribution à la réduction des gaz à effet de serre (ou pourrait aller jusqu'à la doubler) que celle attendue en évitant la déforestation (70 Gt d'émissions de CO²). Les paysages terrestres et marins restaurés augmentent la résilience et la capacité d’adaptation des écosystèmes et des sociétés, contribuent à l’adaptation aux changements climatiques et produisent des avantages additionnels pour les populations, en particulier les communautés autochtones et locales et les communautés rurales pauvres.

Mise en œuvre : Les activités de restauration, telles que la restauration des paysages forestiers et de zones humides, sont déjà en cours dans plusieurs régions du monde. Consolider les processus politiques et une plus large application de ces efforts pourraient contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs de la Convention, et générer d'importantes synergies avec la CCNUCC, la CNULD et le FNUF. Des systèmes appropriés d'incitation (tels que les systèmes "REDD-plus" en cours de discussion dans le cadre des négociations sur les changements climatiques, et les systèmes complémentaires pour les autres écosystèmes terrestres, d'eau douce et côtiers) pourraient réduire, voire inverser, ces changements d'utilisation des terres et, avec des mesures de protection appropriées, y compris le respect des terres et des droits locaux, pourraient également offrir d'importants co-avantages pour la biodiversité55 et les moyens de subsistance locaux. Un suivi est en cours d'élaboration en tant que partie intégrante de ces systèmes. Les travaux de la Convention sur les changements climatiques et la biodiversité sont particulièrement pertinents à cet objectif tout comme de nombreux programmes de travail.

Les indicateurs et les informations de base : Des indicateurs pertinents comprennent l'étendue des types d'habitats indigènes, l'empreinte écologique et les concepts connexes, ainsi que l'intégrité trophique des écosystèmes concernés. D’autres indicateurs possibles sont le stockage du carbone et d’autres gaz à effet de serre (basés sur les inventaires de la CCNUCC ainsi que des évaluations scientifiques) et les évaluations de la vulnérabilité et de la capacité d’adaptation des écosystèmes. En plus des indicateurs de biomasse, il est important de considérer les paramètres de dégradation et de restauration.
Étapes :
Les étapes possibles pour cet objectif incluent :
  • D'ici à 2012, des indicateurs sur la dégradation et la restauration ont été élaborés et adoptés;
  • D'ici à 2014, des informations sur la contribution potentielle de tous les écosystèmes au stockage et à la séquestration du carbone sont compilées et examinées, et une stratégie nationale pour l'amélioration de la contribution de la biodiversité (y compris la diversité des habitats, des populations, des espèces et des gènes) à la résilience des écosystèmes et au stockage de carbone a été préparée et adoptée, compte tenu des dispositions en vertu de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Protocole de Kyoto, ainsi que de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et de son plan stratégique sur 10 ans visant à renforcer la mise en œuvre de la Convention (2008–2018);
  • D'ici à 2014, un plan national de restauration des écosystèmes est en place et mis en œuvre;
  • D'ici à 2014, des informations sur la contribution potentielle de la biodiversité et du maintien des services écosystémiques à la résilience et la capacité d'adaptation face aux impacts des changements climatiques sont générées, rassemblées et étudiées, des méthodes et des outils améliorés pour soutenir l'adaptation basée sur les écosystèmes ont été élaborés et diffusés, et les pays ont commencé à intégrer la restauration des écosystèmes dans les stratégies nationales d'adaptation et autres instruments pertinents;
  • D'ici à 2014, les plans nationaux de restauration des écosystèmes sont intégrés dans les plans d'action nationaux pour la biodiversité et dans d'autres stratégies nationales (y compris REDD-plus) et sont mis en œuvre;
  • D'ici à 2014, des outils et des méthodes pour soutenir l'adaptation basée sur les écosystèmes ont été élaborés et diffusés, et les pays ont commencé à intégrer la restauration des écosystèmes dans les stratégies nationales d'adaptation et autres instruments pertinents.
50Balmford, A et al. (2009). Review of the Literature on the Links between Biodiversity and Climate Change: Impacts, Adaptation and Mitigation. Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique. Cahier technique No. 42.
51Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2009). Connecting Biodiversity and Climate Change Mitigation and Adaptation: Report of the Second Ad Hoc Technical Expert Group on Biodiversity and Climate Change. Cahier technique No. 41.
52Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (2006). Global Forest Resources Assessment 2005: Progress towards sustainable forest management. FAO, Rome.
53Edwards D., et al., 2001. (2009). The Value of Rehabilitating Logged Rainforest for Birds. Conservation Biology, 23(6), 1628-1633.
54Thompson, I, et al. (2009). Forest Resilience, Biodiversity, and Climate Change. A synthesis of the biodiversity/resilience/stability relationship in forest ecosystems. Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, Montréal. Cahier technique No. 43.
55Venter, O., et al. (2009). Harnessing Carbon Payments to Protect Biodiversity. Science, 326(5958), 1368.